L’immeuble Wakô, à Ginza, vu du bus emprunté par les protagonistes de Voyage à Tokyo (1953). / © SHOCHIKU CO., LTD. Tous droits réservés. Il est dommage que dans un avenir pas si lointain, la vue classique de la gare soit gâchée par l’une des nombreuses monstruosités qui ne cessent d’apparaître dans la capitale. Celle-ci se nomme Tokiwabashi Project et sa pièce de choix est un gratte-ciel de 390 mètres de haut et 61 étages qui, une fois terminé vers 2027, deviendra le plus haut building du Japon. Pour une raison qu’on ne s’explique pas, les promoteurs japonais ont le don de gâcher des panoramas par ailleurs magnifiques. Les jardins Hama-Rikyû et Shinjuku Gyoen, par exemple, font maintenant face à une forêt de bâtiments qui gâchent l’horizon. Certains apprécient le contraste entre tradition et modernisme, entre ancien et nouveau. Je ne suis pas de ceux-là.Le bus se dirige tout droit vers la vaste place devant le Palais impérial. “Comme nous sommes à bord d’un bus à impériale découvert, vous pouvez vraiment sentir le bon air de la ville”, explique notre guide. Je n’ai jamais vraiment considéré Tôkyô comme une ville qui sent bon, surtout quand on se trouve en son centre. Pourtant, d’après ce que j’ai lu, elle devrait sentir meilleur qu’au début des années 1950. En parlant d’odeurs, jusqu’à la fin du XIXe siècle, la zone située entre la gare et le Palais était un champ d'herbe complètement inexploité qui ressemblait plus à une prairie qu’au quartier central d’une capitale. Puis, en 1890, le gouvernement, ayant...