Il vaut mieux se concentrer sur les arbres du jardin. Ils ont été plantés pour célébrer le 80e anniversaire du bâtiment. Cependant, le ginkgo massif du jardin de devant existait déjà avant sa construction et fait office de gardien. En fait, le ginkgo est l’arbre officiel de Tôkyô. Le jardin comprend des arbres provenant des 47 préfectures japonaises, dont des cornouillers, des camphriers et des zelkovas japonais (semblables à des ormes).La Diète n’est pas le seul centre de pouvoir du quartier. Nous entrons ensuite dans le district de Kasumigaseki, où se trouve la toute puissante bureaucratie du pays. Peu de pays sont aussi contrôlés par leur corps bureaucratique que le Japon, et c’est là que naissent toutes les bonnes, mauvaises et incroyablement folles mesures politiques. Le bus prend une rue où le ministère des Affaires étrangères, à la façade de verre, et le ministère des Finances, plus solide, se font face. Puis nous passons devant le bâtiment plutôt fade du ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche, sans doute la structure la plus terne du quartier. Sa cantine est ouverte au public et propose, dit-on, de délicieux plats de légumes. La parade bureaucratique se poursuit avec le ministère de l’Intérieur et des Communications et l’ancien bâtiment du ministère de la Justice.Ce bâtiment, qui remplaçait à l’origine la résidence d’une famille de samouraïs, a été construit en 1895 par deux architectes allemands, Hermann Ende et Wilhelm Böckmann. Il a été largement épargné par le grand tremblement de terre de 1923 grâce à sa structure en acier renforcé, mais a été gravement endommagé par les bombes incendières américaines en 1945. Sa rénovation en 1994 lui a redonné sa splendeur d’origine. Inévitablement, il s’agit du plus beau ministère (même si son personnel travaille aujourd’hui dans un bâtiment différent et moderne). Traitez-moi de nostalgique, mais les bâtiments d’autrefois étaient bien plus réussis que les constructions actuelles sans imagination.Alors que tout le monde est occupé à contempler le vieux bâtiment, on oublie de regarder de près l’imposant quartier général de la police métropolitaine de Tôkyô, rendu célèbre par d’innombrables séries télévisées.Au terme d’un nouveau virage, le bus est maintenant de retour à la porte Sakurada du Palais impérial et tourne à droite, apparemment pour retourner à notre point de départ. Nous traversons un grand carrefour lorsque notre guide nous incite soudain à regarder à droite. “Voilà la Tour de Tôkyô !” lance-t-elle en anglais. Elle apparaît pendant une fraction de seconde entre deux grands bâtiments puis disparaît à nouveau de la vue. Comme elle l’explique aux passagers stupéfaits, il était autrefois facile de repérer le célèbre point de repère, mais le réaménagement constant du centre ville a noyé la tour orange et blanche dans une mer de gris. Galvanisée par cette vision miraculeuse, notre guide exhorte ensuite les passagers des sièges de gauche à agiter les mains vers les passants. Peu de gens suivent son appel, mais elle ne montre aucun signe de déception.Après avoir à ...