La culture de cette fleur a pris son essor à la période Heian (794-1185) après son importation de Chine. / Angeles Marin Cabello pour Zoom Japon Dès le mois de septembre, la fleur symbole de la maison impériale donne lieu à de nombreuses festivités. Quelle est la première fleur qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez au Japon ? Si vous répondez la “fleur de cerisier”, la plupart des Japonais seront d’accord avec vous. Bien que le Japon n’ait pas de fleur nationale officielle, c’est le sakura qui capte l’imagination populaire. Il n’empêche que le symbole officiel du pays est le chrysanthème.Le motif du chrysanthème à 16 pétales figure sur le blason impérial. On le voit sur la couverture des passeports japonais, sur les pièces de 50 yens et au-dessus des portes des ambassades japonaises à l’étranger. Il est même gravé sur le couvercle de la boîte contenant la Constitution japonaise. L’expression occidentale “trône du chrysanthème” est utilisée pour désigner à la fois le trône de l’empereur et l’institution impériale.“Le chrysanthème symbolise la nation, explique Awane Maiko, directrice adjointe du bureau de Tôkyô du gouvernement préfectoral de Hiroshima. Il a une image particulièrement noble, et c’est l’emblème officiel de la famille impériale.”Et si l’arrivée de la saison des chrysanthèmes n’est pas synonyme des grandes de hanami, associées aux fleurs de cerisier, les visiteurs du Japon en octobre et novembre ne peuvent manquer de remarquer les éblouissantes parures de chrysanthèmes qui surgissent dans tout le pays, parfois dans les endroits les plus improbables.Sur le quai d’une gare rurale, par exemple, vous pouvez trouver une douzaine de bonsaïs de chrysanthème et une multitude de fleurs de taille normale. Une composition plus modeste orne l’entrée de la poissonnerie au coin de notre rue. Des portes des banques et des écoles à la fenêtre de la boulangerie locale, des halls d’hôtel aux bureaux de poste, les chrysanthèmes sont partout, se tenant droits et grands comme des sentinelles. Même les toilettes publiques peuvent présenter quelques fleurs dans un vase, que personne ne songerait à voler ou à vandaliser. Il n’est pas étonnant que l’automne ait été désigné “mois du chrysanthème”.Sakura et chrysanthèmes sont des opposés complémentaires. Les Japonais aiment les fleurs de cerisier, car elles capturent la beauté fragile et fugace de l’instant éphémère. Les chrysanthèmes, quant à eux, représentent la force et la longévité.Les chrysanthèmes jaunes ont été cultivés en Chine dès le Xe siècle avant J.-C. Pendant la dynastie Tang (618-907), les chrysanthèmes blancs et violets étaient également cultivés. Au Japon, la culture a pris son essor à la période Heian (794-1185), après avoir été importée pour la première fois à la période Nara (710-794). Aujourd’hui, le Japon cultive plus de 1500 espèces.A l’origine, les chrysanthèmes étaient cultivés à des fins médicinales. Les fleurs sont censées guérir toutes sortes de maux, des fièvres aux inflammations et même les problèmes cardiaques, et conférer force et vitalité. Elles ont été associées à une longue vie et à la chance. Ce serait l’empereur Go-Toba (1180-1239) qui en a fait le symbole impérial. / Onomichi Tourist Office Sei Shônagon, dame d’honneur de la cour impériale et auteur de Notes de chevet (Makura no sôshi, trad. par André Beaujard, Gallimard) à la fin du Xe siècle, a rapporté que le chrysanthème figurait parmi les fleurs préférées de la cour. Autrement dit, il était devenu populaire non seulement pour ses bienfaits pour la santé, mais aussi pour sa beauté. On attribue à l’empereur Go-Toba (1180-1239) le mérite d’en avoir fait le symbole impérial lorsqu’il l’a choisi comme emblème personnel, décorant son épée, son mobilier, ses biens et l’écusson impérial de motifs de chrysanthèmes.Contrairement au sakura, le chrysanthème a même son propre jour de fête (9 septembre), qui est le jour du chrysanthème, traditionnellement appelé la fête du bonheur (Chôyô no Sekku). Ce festival remonte à l’année 910, lorsque la première exposition...