Achever un cursus, apprendre le japonais, devenir maître dans l’art des sushi, etc. Les possibilités ne manquent pas dans l’archipel. Zoom Japon vous propose d’en découvrir quelques-unes.
On connaît tous L’Auberge espagnole qui a symbolisé la génération Erasmus. Pourquoi ne pas tenter la version nippone ?
Muriel, Claire ou encore Tristan ont un point commun. Ils ont choisi à un moment de leur vie de quitter la France pour aller vivre une expérience unique au Japon. Ils ont laissé leurs amis, leur famille ou leur travail pour un séjour d’étude dans l’archipel avec la farouche envie de découvrir à la fois la vie étudiante dans un pays complètement différent de la France, mais aussi de se confronter à la vie quotidienne. Chacun à leur manière, avec des motivations et des objectifs différents, ils ont pris leur courage à deux mains et franchi le Rubicon. Ils auraient pu se satisfaire du programme bien rôdé d’échanges Erasmus qui leur aurait permis de partir dans un autre pays européen pour parfaire leur formation, y compris en japonais, mais ce qu’ils voulaient, c’était se plonger dans le Japon de tous les jours loin des clichés et de pouvoir se dire enfin Yatta ! [Ça y est, j’y suis arrivé !]. Leur rêve s’est aussi réalisé parce que le Japon a fait de gros efforts d’ouverture vers l’étranger, offrant de plus en plus des possibilités pour les étudiants venus d’autres pays d’intégrer des écoles et des universités dans le cadre d’échanges ou de filières ouvertes aux étrangers.
Les Japonais en veulent 300 000 d’ici 2020
Evidemment, ce sont d’abord les Asiatiques, notamment ceux venus d’Asie du Sud-Est et de Chine, qui ont profité de l’aubaine. En 2009, les jeunes venus d’Asie représentaient 92,2 % des étudiants étrangers inscrits dans les universités japonaises contre 3,1 % d’Européens. Les Chinois étaient le contingent le plus nombreux avec 58,8 % du nombre total, très loin devant les Coréens, les Vietnamiens ou les Malaisiens. En 2009, les autorités japonaises ont recensé 132 720 étudiants étrangers, soit 7,1 % de plus que l’année précédente. Dix ans plus tôt, ils n’étaient qu’un peu moins de 56 000. Le gouvernement japonais a mis sur pied une politique visant à accueillir 300 000 étudiants étrangers d’ici 2020. C’est dire le chemin parcouru en l’espace d’une décennie. Le changement s’explique de plusieurs façons. D’une part, l’attrait du pays du Soleil-levant s’est renforcé à travers le monde, le succès de la culture populaire (manga, animation, musique) y étant pour beaucoup. D’autre part, il y a aussi la crise de l’université japonaise. Celle-ci, du fait de la dénatalité, voit le nombre d’étudiants japonais se réduire d’année en année, l’obligeant à trouver des parades comme la mise sur pied de programmes internationaux qui lui permettent de limiter la casse. En dehors de l’université classique, de nombreux étrangers, jeunes pour la plupart, viennent au Japon pour s’inscrire dans des établissements d’enseignement du japonais langue étrangère. Pour ces écoles souvent privées, il s’agit d’une véritable aubaine. En l’espace de dix ans, le nombre des candidats à l’apprentissage ou au perfectionnement dans la langue de Mishima a plus que doublé, passant de 15 269 inscrits en 1998 à 34 937 en 2008. Au cours des dernières années, le rythme des inscriptions s’est considérablement accéléré avec une croissance moyenne annuelle de 10 %. Là encore, l’engouement pour les manga ou les dessins animés made in Japan explique en grande partie l’accroissement de la demande. A cela s’est ajouté des conditions économiques favorables avec un yen plutôt faible qui rendait le coût du séjour bien plus abordable. D’autre part, la mise en place du visa vacances travail qui permet à son détenteur de pouvoir travailler pendant son séjour a joué un rôle non négligeable dans l’afflux de jeunes étrangers, car cela leur permettait de gagner un peu d’argent pour améliorer leurs conditions de vie. Le renchérissement de la devise japonaise depuis le printemps 2010 risque sinon de refroidir les ardeurs des nouveaux candidats à l’aventure nippone, notamment ceux venus d’Europe, du moins de retarder de quelques mois leur départ. Mais leur envie de découvrir le Japon reste vive. De leur côté, les établissements japonais multiplient les offres pour attirer ce qui deviendra peut-être un jour une main-d’œuvre pour les entreprises nippones. Une récente étude a révélé que 10 % des principales sociétés japonaises avaient recruté des étudiants étrangers en 2010 et qu’elles étaient 21 % à envisager de le faire en 2011. Après les études, une expérience dans l’univers professionnel nippon, voilà de quoi bâtir un CV en béton armé.
Odaira Namihei