Lorsque je poursuivais une formation artistique au Japon, je rêvais de faire mes études dans une école parisienne comme ces grands artistes et écrivains français passés par l’École des Beaux Arts ou par la Sorbonne. Je croyais alors que la Sorbonne était la seule université parisienne.
Après une longue formation en langue, j’ai été admise dans une faculté d’art à Paris que j’avais choisie au hasard, car elle était la première sur la liste. J’ai commencé ma première année de licence et ai regretté aussitôt après avoir mis 3h pour lire 10 lignes d’un texte sur les sciences sociales. Quant à la philosophie, je n’ai pas compris ce que je devais comprendre. Étant la seule Japonaise du campus, j’espérais obtenir l’indulgence de mes professeurs. Mais non ! Ils m’accordaient des notes basses, sans pitié pour la Japonaise qui avait écrit un compte-rendu en deux semaines sans dormir, car elle ne connaissait pas la forme à respecter. Même dans les cours pratiques, il fallait préparer un texte argumentant et valorisant les œuvres pour obtenir de bonnes notes. C’en était au point que l’on pouvait être considéré comme un artiste talentueux avec un trait de 3cm dessiné en 1 seconde et 10 pages de texte argumenté pour convaincre que le noir est en fait le blanc.
Enfin, après 4 ans de manque de sommeil et de gastrite chronique, j’ai fini par maîtriser le savoir-faire pour “remplir” 4 pages de dissertation en 2 heures sur Kant sans avoir lu ses ouvrages. Ma licence a été validée et je suis passée en master. Je ne connais toujours pas grande chose sur l’art, mais je ne regrette pas ces 4 années. Au contraire, j’en suis ravie. Ces études m’ont au moins fait comprendre pourquoi les Français racontent tout ce qu’ils connaissent jusqu’à la météo du lendemain et qu’ils savent se défendre en inventant des excuses dans n’importe quelle situation désavantageuse. Oui, les études sauvent la vie ! Je devrais peut-être encore continuer à faire mes études pour atteindre le niveau des Français !
Koga Ritsuko