Les réalisatrices sont de plus en plus nombreuses alors que ce métier a longtemps été au Japon l’apanage exclusif des hommes. Un phénomène récent, impulsé par la charismatique Kawase Naomi dès son premier film, Suzaku, Caméra d’or à Cannes en 1997, et poursuivi par des jeunes femmes nées au milieu des années 1970, comme Nishikawa Miwa. “Ses scénarios sur des sujets très actuels sont remarquablement écrits”, s’enthousiasme Yatabe Yoshi, directeur du festival de Tokyo. Cette ancienne assistante de Kore-eda s’est lancée dans la réalisation en 2002 avec Hebi-Ichigo (Wild Berries) sur le délitement d’une famille. Elle n’avait alors que 29 ans. Son deuxième film Yureru, un autre drame familial, a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et son troisième, Dear Doctor, sur le dépeuplement des campagnes, a remporté un grand succès et de nombreux prix au Japon.
Inoue Tsuki est née la même année que Nishikawa, en 1974. “Elle n’a tourné qu’un seul long métrage, Fuwaku no adagio (Autumn adagio), mais je la suis depuis ses premiers courts métrages, raconte Yatabe Yoshi. Elle sait filmer la frustration des femmes et fait une utilisation remarquable de la musique.” Très respectée dans le milieu du cinéma, Yokohama Satoko, née en 1978, a imposé un style naturaliste et élégant. Cette ancienne assistante de Sono Sion fait éclater avec grâce le corset des obligations sociales ou familiales. Parmi les réalisatrices qui comptent, citons encore Igouchi Nami, née en 1967, connue pour ses succès : Inu neko (The Cat Leaves Home) et Hito no sex wo warauna (Don’t laugh at my romance), Ogigami Naoko, née en 1972 et remarquée pour son film Kamome Diner, sur une femme qui peine à trouver des clients pour le restaurant japonais qu’elle vient d’ouvrir à Helsinki, et la benjamine Ando Momoko, fille de l’acteur Okuda Eiji née en 1982, dont le film Kakera, sur une amitié homosexuelle, a fait son petit effet.
Uozumi Sakiko