A l’occasion de la sortie de Patéma et le monde inversé, son premier long métrage, le jeune cinéaste s’est confié à Zoom Japon.
Dans votre film, le ciel est particulièrement impressionnant. En vous rendant en France, avez-vous regardé le ciel ?
Yoshiura Yasuhiro : Oui. Il était d’ailleurs plutôt couvert (rires). Mais ça correspond à l’image que j’ai de l’Europe. Ce matin, je me suis promené dans Paris du côté de Notre Dame. Dans le film de Disney Le Bossu de Notre Dame que j’apprécie beaucoup, il y a ce personnage maléfique de Frollo. Dans Patéma et le monde inversé, il y a aussi un personnage de ce genre. Il s’agit d’Izamura qui m’a été inspiré par Frollo. Du coup, Notre Dame est pour moi comme un lieu de pèlerinage (rires).
Vous êtes originaire de Hokkaidô au nord du Japon. Vous avez ensuite vécu à Fukuoka, au sud de l’archipel. N’est-ce pas ça qui vous a donné la sensation de monde inversé ? (rires) Plus sérieusement, quand avez-vous commencé à vous lancer dans la création ?
Y. Y. : J’ai vécu à Hokkaidô jusqu’à l’âge de 6 ans avant de déménager à Fukuoka. J’y suis resté jusqu’à mes 25 ans. Autant que je me souvienne, j’ai toujours aimé créer. Quand j’étais en primaire, j’ai écrit un petit roman, une espèce de contre-façon de Michael Ende (rires). Pour Patéma, je me suis souvenu de cette expérience que j’avais eue en regardant le ciel, allongé sur le sol, quand j’étais à Hokkaidô. J’avais eu l’impression d’être avalé par le ciel. Je ne pensais pas encore devenir réalisateur de films d’animation, mais lorsque j’étais en première ou deuxième année à l’université, j’ai commencé à travailler seul sur la production d’animés. Comme je n’ai pas réussi à parvenir à mes fins, j’ai demandé à des amis de me donner un coup de main. Puis, j’ai voulu faire Time of Eve. Puisque c’était impossible pour moi de le réaliser tout seul, je me suis tourné vers des pros pour que nous le fassions ensemble.
A quel public s’adresse Patéma et le monde inversé ?
Y. Y. : J’ai fait en sorte que ce film soit un divertissement facile à comprendre. Je pense qu’en le voyant, les enfants peuvent apprécier ce monde inversé et cette sensation d’être absorbé par le ciel. C’est notamment lié à la relation qu’entretiennent les deux personnages du film. Les adultes, quant à eux, peuvent avoir une lecture différente du film. Après la projection, ils auront peut-être l’impression d’avoir découvert certaines choses. En tout cas, j’ai voulu créer une œuvre en mesure de susciter diverses interprétations et d’intéresser un public varié.
C’est votre premier long métrage. En quoi sa production a-t-elle différé de vos œuvres précédentes ?
Y. Y. : Pour moi, un long métrage n’est qu’un court métrage que l’on a allongé. J’ai toujours pensé que plus on a d’expérience dans la réalisation de courts métrages, mieux on est préparé à construire des histoires. Dans le cas de Patéma et le monde inversé, je l’ai réalisé en appliquant la méthode de composition que j’ai appris lorsque je faisais des courts-métrages. Cela fait à peu près dix ans que je fais des films d’animation. Pour moi, l’animé qui compte, c’est celui qui est produit pour le cinéma. C’est la raison pour laquelle je suis extrêmement ému par ma première œuvre sortie sur grand écran.
Propos recueillis par Ritsuko Koga
Référence :
Patéma et le monde inversé, de Yoshiura Yasuhiro. En salles le 12 mars 2014.