Outre à sa remarquable architecture, Tsutaya Daikanyama doit son succès à un modèle économique original.
Ce lieu est considéré par le site Flavorwire comme l’une des 20 plus belles librairies du monde. Même si elle n’est pas aussi étonnante que les autres librairies sélectionnées dans cette liste, la dernière succursale du géant de la distribution culturelle Tsutaya Daikanyama bénéficie d’un charme incroyable fondé sur l’utilisation intelligente de l’ombre et de la lumière. D’ailleurs, le cabinet Klein Dytham Architecture qui en est l’instigateur a reçu un prix pour ce projet lors du World Architecture Festival. La librairie en forme de T de 12 000 mètres carrés répartis sur trois bâtiments reliés entre eux abrite également un magasin de matériel de bureau, une boutique de vélos, une supérette ouverte 24h/24, un Starbucks et plusieurs cafés-restaurants.
Mais c’est surtout la librairie qui attire l’attention et qui est devenue en l’espace de quelques mois l’un des lieux les plus appréciés de la capitale en matière de livres. Avant d’y pénétrer, ce qui attire l’œil du visiteur, c’est sa façade élégante qui arbore une multitude de petits T, symboles de la marque Tsutaya. Les 140 000 livres en stock dans cette librairie géante sont répartis dans les bâtiments. Ils sont en grande majorité en langue japonaise même si le site dispose d’une intéressante section d’ouvrages en anglais. Ils sont divisés en six catégories : sciences humaines, littérature, architecture, art et design, voitures, nourriture et voyages. On y trouve également quelques ouvrages de collection que l’on peut admirer et éventuellement acheter si l’on en a les moyens. Au bar Anjin du premier étage du bâtiment 2, on peut ainsi voir l’édition 1958 de L’Attrape-cœur de J. D. Salinger au prix de 147 000 yens. La section Voyages dispose également d’une agence qui vous permettra le cas échéant de réserver vos billets et vos hôtels une fois que vous aurez sorti votre nez des centaines de guides et autres ouvrages consacrés à différentes destinations dans le monde.
Le choix des périodiques et des albums de musique (Tsutaya vend également des disques) mis en vente illustre parfaitement le concept de ce projet culturel ambitieux. Il met surtout l’accent sur des contenus qui s’adressent davantage à un public plus mature que la clientèle habituelle plus jeune et plus branchée de Tsutaya. Côté musique, on a surtout mis l’accent sur les vinyles des années 1950 et 1960 tandis que du côté des magazines, on peut trouver des numéros anciens qui remontent au début des années 1970. On peut ainsi feuilleter des numéros du vénérable Heibon Punch (aujourd’hui disparu) assis dans de confortables fauteuils en cuir de la salle Anjin. C’est sans doute le lieu le plus agréable de tout l’ensemble avec un décor particulièrement bien élaboré comme ces piles de livre qui servent de base au bar et aux tables attenantes. On y vient pour lire tout en sirotant un café ou un verre.
Au Japon, Tsutaya a construit sa notoriété sur la location de DVD et de CD. Dans sa nouvelle boutique de Daikanyama, le géant du secteur propose quelque 80 000 films et 100 000 CD. Il met ainsi en avant un business model qui est en train de disparaître ailleurs dans le monde et qui va à l’encontre de bien des tendances. Tsutaya a donc réussi à faire cohabiter, sous le même toit, différentes approches et de les juxtaposer de façon à créer un espace hors du commun. Dans la section Voyages, ils vendent des livres bien sûr, il y a aussi cette agence, mais on trouve également des sacs de voyage et des DVD consacrés à ce thème. Ceux qui fréquentent la section Nourriture peuvent y acheter des produits d’alimentation ainsi que des livres de recettes ou des magazines spécialisés. Quel que soit votre goût ou vos envies du moment, vous trouverez dans ce lieu unique de quoi vous satisfaire. Il ne vous reste plus qu’à vous mettre en chasse et à en profiter au maximum.
Jean Derome