Grâce à la mise en service d’un nouveau tronçon à grande vitesse, la cité portuaire n’est plus qu’à 2h30 de Tôkyô.
Le compte à rebours a commencé depuis un an. Tout le monde sait désormais que le shinkansen, le train à grande vitesse japonais, desservira à compter du 14 mars 2015 la ville de Kanazawa et qu’il ne faudra plus que 2h28 pour parcourir les quelque 590 kilomètres qui la séparent de la capitale. Jusqu’à cette date, il fallait compter entre 4h05 et 4h20 avec au moins un changement, ce qui signifiait qu’un détour par cette belle cité portuaire n’était pas très facile à moins de bien préparer ce déplacement. Désormais avec le prolongement de la ligne à grande vitesse qui reliait Tôkyô à Nagano jusqu’à Kanazawa, il est presque possible d’envisager un aller-retour dans la journée. Ce serait évidemment dommage de ne pas rester plus longtemps pour profiter de la richesse de la ville, mais pour les voyageurs qui n’ont pas la possibilité de rester longtemps dans l’archipel, c’est une nouvelle option qui s’offre à eux et qu’il ne faut pas négliger. Les nouvelles rames déjà mises en service l’an dernier sur le tronçon Tôkyô-Nagano transporteront les heureux touristes à 260 km/h de moyenne à travers un paysage essentiellement composé de montagnes. On prend ainsi conscience des difficultés que les voyageurs d’antan rencontraient pour se déplacer à l’intérieur même du pays. Désormais, en un peu moins de 2h30, on peut découvrir deux facettes du Japon, la côte Pacifique avec la mégalopole tokyoïte et la mer du Japon avec son atmosphère vraiment différente.
Désormais baptisée Hokuriku shinkansen, cette nouvelle ligne (qui est en réalité le prolongement de la ligne Nagano shinkansen) propose pour les plus exigeants des voyageurs sa “Gran Class”, un confort digne des premières classes des compagnies aériennes, avec des fauteuils ultra-confortables et un service à la place qui vous feront oublier que vous êtes à bord d’un train. Quelle que soit la classe que vous choisirez, vous serez surpris par le confort de ce train et sachant que 40 % du parcours sont composés de tunnels, vous serez heureux de ne pas avoir à subir cette désagréable sensation d’avoir les oreilles bouchées chaque fois que la rame pénètre dans un tunnel. Les ingénieurs nippons ont trouvé la solution et l’ont appliquée.
Parmi tous les endroits à visiter au Japon, Kanazawa figure dans le top 5. Idéalement située, la cité portuaire s’est imposée dans l’histoire du pays comme l’un des principaux centres commerciaux du pays. Sa force d’attraction lui a aussi permis d’accueillir de nombreux artisans et artistes qui ont contribué à transformer une partie de la richesse des marchands en œuvres d’art. Epargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la ville a conservé une bonne partie de son patrimoine architectural avec notamment ses anciennes demeures de samouraïs dans le quartier de Nagamachi (9 mn en bus à partir de la sortie Est de la gare, arrêt Kôrinbô) ou l’ancien quartier des plaisirs de Higashi Chayagai (12 mn en bus à partir de la sortie Est de la gare, arrêt Hashibachô). Elle dispose aussi d’un magnifique trésor le Kenroku-en, l’un des trois plus beaux jardins japonais avec ceux d’Okayama et de Mito. Créé en 1676, ce parc magnifique se visite à toute saison et constitue bien souvent la première étape de la visite (ouvert tous les jours de 7h à 18h, 17h de la mi-octobre à mars, 300 yens). Il est le fruit d’une recherche esthétique très poussée à laquelle il est difficile de ne pas succomber. Sous la neige comme au moment de la floraison des cerisiers, le Kenroku-en ne déçoit jamais. Depuis plus de trois siècles, les jardiniers l’entretiennent avec amour et sa beauté éclatante n’est que le résultat logique de l’attachement que les habitants ont pour ce lieu. On peut aussi profiter de la quiétude du jardin, en dégustant un thé vert dans le pavillon Shiguretei (700 yens pour un macha et sa pâtisserie).
Implanté à proximité de l’ancien château dont il ne reste en revanche plus grand-chose, le jardin se situe aussi à deux pas du Musée du XXIe siècle de Kanazawa (Kanazawa nijûichiseiki bijutsukan). Comme son nom le laisse entendre, cet édifice n’a rien à voir avec le patrimoine historique de la ville. C’est d’ailleurs un de ses nombreux points forts que d’avoir su sortir du classicisme dans lequel elle aurait pu se complaire. En confiant sa conception aux géniaux Sejima Kazuyo et Nishizawa Ryûe du cabinet d’architecture SANAA il y a dix ans, les autorités locales ont fait le pari de faire évoluer l’image de leur ville. C’est à la même époque que la gare avait connu une formidable transformation sous l’égide de Shirae Ryûzô. Des millions de personnes se pressent chaque année pour découvrir ce musée consacré à l’art contemporain dont la structure même est déjà une œuvre d’art (ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (20h le vendredi et le samedi), gratuit sauf pour les expositions temporaires). Parmi les principales attractions du lieu, on peut citer la piscine (swimming pool) et le Blue planet sky que les visiteurs plébiscitent.
Après cette visite pour laquelle il faut compter au moins une heure, il sera peut-être temps de se restaurer. Comme partout ailleurs au Japon, il est très facile de trouver un restaurant à Kanazawa. Toutefois, il est recommandé de se rendre dans le quartier situé autour du marché d’Ômichô (Ômichô ichiba) à une quinzaine de minutes de la gare. Fondé, il y a plus de 280 ans, ce marché vaut le détour. L’atmosphère qui y règne est chaleureuse. Les marchands sont toujours prêts à vous faire goûter leurs produits. A l’intérieur même du marché, vous trouverez d’excellents restaurants comme Sushidokoro Genpei (tél. 076-261-4349, 11h-15h et 17h-21h, fermé le dimanche) qui propose les meilleurs poissons de la région ou encore Kotetsu pour son crabe (tél. 076-264-0778, 11h30-15h, ouvert tous les jours).
Après ce repas revigorant, prenez la direction de l’ancien quartier des plaisirs de Higashi chayagai qui a conservé son charme d’antan. Outre de nombreuses boutiques qui raviront les amateurs de souvenirs en tous genres, on peut visiter d’anciennes maisons de geisha. Les deux plus connues sont Kaikarô (9h-17h, 700 yens) dont les murs ou les portes coulissantes ont été décorés par des artistes et Shima ( 9h-18h, 400 yens) où l’on peut découvrir les objets dont se paraient les geisha. On peut prolonger le plaisir de la visite, en y dégustant un thé vert dans une salle qui donne sur un joli jardin intérieur. Le quartier est très fréquenté par les Japonais qui apprécient les nombreuses boutiques qui promeuvent l’artisanat local. Vous y trouverez forcément un petit cadeau à rapporter.
Dans la même veine, vous pouvez prolonger la promenade jusqu’au quartier de Nagamachi, célèbre pour ses demeures de samouraï. C’est un véritable voyage dans le temps qui vous attend. A certains endroits, on pourrait se croire transporter dans un film de samouraïs. Il est très agréable de déambuler dans les petites rues. La maison de la famille Nomura (8h30-17h30, 500 yens) est une des plus intéressantes à découvrir. Il sera temps alors de retourner à la gare pour prendre le train du retour vers la capitale. Pensez à acheter un ekiben (voir Zoom Japon, n°34, octobre 2013). L’Omatsu ozen (900 yens) dans sa belle boîte est savoureux. Il vous aidera à passer les 2h30 du voyage arrosé d’un thé vert ou d’une bière bien fraîche. A moins que vous vouliez prendre votre temps et passer une journée supplémentaire à Kanazawa la belle.
Gabriel Bernard
Infos pratiques :
Pour s’y rendre Au départ de Tôkyô, le shinkansen vous y emmènera en 2h28 à compter du 14 mars. Avant cette date, vous pouvez prendre le shinkansen de la ligne Jôetsu jusqu’à Echigoyuzawa où vous changerez pour l’express Hakutaka (4h05, 12 trains par jour). Vous pouvez aussi emprunter le Tôkaidô shinkansen jusqu’à Maibara où vous changerez pour l’express Shirasagi (4h20, 15 trains par jour).