La dégradation des transports est aussi le reflet d’un problème plus grave, celui du vieillissement de la population. Certes, l’ensemble du pays est concerné par ce phénomène, mais Hokkaidô est plus touché avec 29,7 % de ses habitants de plus de 65 ans quand la moyenne nationale, déjà élevée, est de 27,2 %. “La moyenne d’âge de nos lecteurs est autour de 60 ans selon la dernière étude de notre lectorat”, confirme Nueno Takaharu. Il s’inquiète de voir de plus en plus de jeunes quitter la préfecture pour d’autres horizons. “Voilà pourquoi nous mettons l’accent sur la présentation de l’économie locale et de son dynamisme au travers notamment des PME. L’essor des échanges économiques entre Hokkaidô et l’Asie du Sud-Est nous a aussi incités à ouvrir, en 2016, un bureau à Bangkok, en Thaïlande, pour suivre justement cette évolution”, poursuit-il. La bonne santé économique de la région est garante d’un rajeunissement de la population. D’ailleurs, le Hokkaidô Shimbun mise aussi sur les jeunes pour éviter de voir sa diffusion baisser davantage. “Nous organisons des événements pour tenter de les intéresser plus à l’actualité”, raconte le responsable de la communication. Parmi les initiatives, le lancement en 2015 du supplément hebdomadaire Manabun, mot valise créé à partir du verbe manabu [apprendre] et le terme bun de shimbun [journal], qui est destiné à inciter les parents à donner envie à leurs enfants de lire la presse. La création en 2006 d’un club de lecteurs et de sa mascotte Bunchan, personnage enfantin très kawaii [mignon], participe à ce désir d’entretenir la flamme. Sa présence sur Internet depuis 1996 (www.hokkaido-np.co.jp) montre qu’il sait aussi vivre avec son temps tout en évitant de perdre son âme. L’équilibre n’est pas facile et nécessite un engagement permanent de l’ensemble des équipes qui croient encore que leur journal peut participer au développement de cette belle région dont les charmes sont nombreux. Le Hokkaidô Shimbun ne manque pas d’ailleurs de les défendre et de les présenter tout au long de l’année.
Gabriel Bernard