Pour ceux d’entre nous qui viennent du nord et pour qui la pluie est quelque chose de froid et de désagréable, il est très surprenant que les jours de pluie puissent être aussi chauds qu’un sauna. Chaque année, les précipitations ne sont pas aussi abondantes. De plus, la pluie peut passer d’une légère bruine à un torrent implacable avec du tonnerre et des éclairs. Ce type de phénomènes météorologiques provoque fréquemment des coulées de boue. C’est pourquoi vous verrez souvent des flancs de montagne recouverts d’un treillis de béton dans les zones résidentielles situées au pied des montagnes (plus de 70 % du territoire japonais sont montagneux).
En japonais, la saison des pluies se dit tsuyu, ce qui signifie littéralement “pluie de prunes”, car elle coïncide avec la maturation des prunes. A cette époque, les rayons des supermarchés sont remplis avec des tas de petites prunes vertes, pas beaucoup plus grosses qu’une olive. A côté d’elles, vous verrez de grands pots en plastique, pour faire de l’umeshu, ou vin de prune, un passe-temps très populaire comme le montre si bien Kore-Eda Hirokazu dans son film Notre petite sœur (Umimachi Diary, 2015).
Le tsuyu est le fruit de la collision des masses d’air froid du nord et chaud du sud, qui plane sur le Japon pendant environ un mois chaque année juste avant l’été, de début juin à mi-juillet, bien que cela puisse varier selon les régions. Seule l’île de Hokkaidô (voir Zoom Japon n°78, mars 2018), la plus septentrionale, y échappe.
Il est compréhensible que, pour la plupart des touristes, le mois de juin ne soit pas un moment très favorable pour visiter le Japon. C’est une bonne nouvelle pour les quelques chanceux qui s’y aventurent pendant cette période. Avec la pluie qui empêche la foule de profiter des attractions extérieures comme les jardins, les temples et les sanctuaires, il est fort possible qu’ils puissent profiter de l’endroit sans avoir l’impression d’être entassés. De plus, la saison des pluies n’est pas toujours aussi sinistre qu’elle y paraît. En fait, elle peut être une source d’émerveillement et de beauté. Il suffit par exemple de prêter attention aux charmantes chaînes de pluie qui pendent à l’extérieur des temples, des sanctuaires et des maisons. Elles ressemblent à une suite de petites cloches en laiton retournées. Lorsqu’il pleut, elles débordent d’eau, créant une cascade scintillante de gouttes de pluie.