Avril marque le début de l’année scolaire au Japon. Malgré le mode de vie à la française que je mène depuis des années, cette période reste, à l’instar de votre rentrée en septembre, un moment où le cœur gonflé d’espoir je renouvelle mon envie de maîtriser la langue française. Aujourd’hui, on me parle sans arrêt en français, alors que je suis encore loin d’avoir le niveau idéal. Mais j’en suis arrivée au point de ne plus hésiter à interrompre une conversation quand je n’en comprends pas un mot. Je me permets de le faire car c’est “relativement” rare. Par ailleurs, j’utilise moins souvent le dictionnaire lorsque je lis un quotidien généraliste. Lorsqu’un terme m’est inconnu, je devine la signification grâce au contexte. Par exemple, le mot “réforme” que j’avais vaguement identifié à l’époque de Sarkozy est tellement utilisé actuellement lorsqu’on évoque le code de travail, le bac, les retraites, ou encore la SNCF que, ça y est, il fait parti désormais parti de mon vocabulaire quotidien. Merci Macron, je suis un peu moins bête qu’avant (même si rien ne garantit que je serai un peu plus riche à l’avenir).
C’est la même chose en japonais. Il y a des termes que j’ai appris de la même façon. C’est le cas du mot kaizan que j’ai retenu pendant ma jeunesse en suivant des actualités de l’époque. Récemment, il a occupé la Une des journaux japonais, suscitant une certaine agitation dans le pays. Composé de deux idéogrammes, dont l’un signifie “modification” et l’autre représente une souris qui se cache dans un trou, kaizan se traduit en français par “falsification”. Il s’agit de l’altération volontaire de documents officiels par le gouvernement. Selon leur orientation politique, certains médias ont préféré utiliser le mot kakikae qui signifie simplement “modification”. Pour bien comprendre, il faut remettre l’affaire dans son contexte. Souvenez-vous de mon billet de l’an dernier parlant du projet de construction du groupe Moritomo Gakuen pour une école patriotique sur un terrain public vendu à prix cassé. On avait alors supposé que les fonctionnaires chargés de la vente avaient subi des pressions, eu égard à la relation étroite entre le responsable de l’école et la femme du Premier ministre Abe Shinzô. Malgré les accusations lancées par l’opposition, ce dernier a nié toute implication de sa part et a réussi à se débarrasser, du moins le croyait-il, des soupçons. L’enquête n’est pas encore close. En mars, le ministère des Finances a reconnu qu’il y avait bien eu “kaizan”, à savoir la suppression de plus de 300 passages dans 14 dossiers de l’affaire, où figurait notamment le nom du couple Abe et de huit autres responsables politiques. On dit que les animaux s’activent au printemps. Alors quelle souris va émerger de cette affaire ? À suivre…
Koga Ritsuko