Le japonais est une langue facile à prononcer. Cela n’empêche pas quelques singularités incontournables.
Pour un apprenant, la langue japonaise a ceci de bien qu’elle ne pose pas de gros problèmes de prononciation. Les cinq sons de voyelles sont invariables et ne se combinent pas entre eux pour en donner de nouveaux. Les sons de consonnes sont certes un peu plus nombreux, mais ne sont pas davantage soumis à d’énigmatiques assemblages tels que se le permettent nombre de langues européennes. Une seule véritable règle régit la prononciation en japonais : c’est une langue syllabique et chaque syllabe se prononce presque toujours indépendamment des autres. Presque toujours, parce qu’il y a le fameux « petit つ », ce caractère discret et pourtant très fréquent qui indique, tel le soupir sur la partition du musicien, qu’il faut retenir son souffle entre les deux signes qu’il sépare :
やっと納豆食ったよ。
Yatto nattô kutta yo.
J’ai enfin mangé du nattô.
Hormis ce cas bien précis, les syllabes du japonais ne s’altèrent pas les unes au contact des autres et ont ainsi une prononciation figée qui ne requiert aucune gymnastique particulière de nos zygomatiques et autres muscles de la bouche. Il y a toutefois quelques points à ne pas négliger. On nous dit par exemple que les Japonais, détenteurs on ne peut plus légitimes de la prononciation juste (n’en déplaise aux puristes qui s’insurgent contre les accaparements linguistiques de tous bords), ne font pas la différence entre le « r » et le « l » et qu’ils assimilent la prononciation du premier à celle du second. Notre oreille musicale nous dit, quant à elle, que ceci est à nuancer et que ce dernier son, toujours transcrit par un « r », ne se claque pas autant que le « l » du français. Le truc, c’est de placer la langue juste derrière les incisives, et pour s’entraîner rien de tel qu’un verbe à la forme potentielle et ses « r » en cascade :
忘れられるもんなら、忘れたい。
Wasurerareru mon nara, wasuretai.
Si je pouvais, j’aimerais oublier.
Le débutant qui découvre le syllabaire japonais doit par ailleurs s’attarder quelque peu sur la prononciation du « h », car selon la voyelle qu’il précède il ne se prononce pas exactement de la même façon. Pour a, i, e, o, il s’aspire comme on le fait en anglais avec to have par exemple. Mais devant un u, il se rapproche du « f », sans pour autant être aussi marqué qu’en français, et la transcription en alphabet latin fait d’ailleurs préférer « fu » à « hu ». Pour une prononciation des plus fidèles, un professeur me disait joliment qu’il suffisait de s’imaginer souffler légèrement sur une bougie, de cette façon délicate et brève que l’on a d’éteindre la flamme…
母はフランスと日本のハーフです。
Haha wa furansu to nihon no hâfu desu.
Ma mère est franco-japonaise.
Pierre Ferragut
Pratique :
Le mot du mois すする (susuru) : siroter, renifler
麺をすする音を立てて食べるのは日本人だけですか。
Men o susuru oto o tatete taberu no wa nihonjin dake desu ka.
Quand ils mangent des nouilles, les Japonais sont-ils les seuls à faire du bruit en les aspirant?