Comment est né le projet Take no kai ? Tôki Hirokazu : La ville où réside un de mes amis a été dévastée par le tsunami. Quand je m'y suis rendu pour le rencontrer, il m'a dit : “il faut que nous laissions à nos enfants et petits-enfants une ville dont ils seront fiers”. Ça m'a beaucoup touché. Et lorsque j'ai entendu des personnes dire que “le tsunami a détruit tous les lieux où nous pouvions nous réunir”, je me suis demandé ce que nous pourrions faire. Nous n'avions ni argent ni moyen pour nous faire entendre, mais nous avions l'énergie des étudiants. Conscients que cela ne serait que provisoire, j'ai imaginé de créer un lieu de “repos” que la population locale pourrait s'approprier. En revenant à l'université, j'en ai parlé avec les étudiants qui ont réagi avec enthousiasme. Pourquoi avez-vous choisi d'utiliser le bambou ? T. H. : D'abord, c'est une plante qui a une croissance rapide et que l'on trouve facilement au Japon. Elle est facile à couper et à manipuler. En cas de catastrophe, lorsque les matériaux viennent à manquer, on s'est aperçu que les gens ne pouvaient pas construire seuls des bâtiments provisoires. L'autre raison qui nous a amenés à recourir au bambou est liée à l'environnement. Le bambou est un matériau familier des Japonais depuis très longtemps. Autrefois, il était très présent dans leur quotidien, mais avec l'industrialisation, il a peu à peu disparu. Cette rupture avec l'écosystème a fini par donner lieu à des problèmes environnementaux. Il nous a semblé important de remettre en avant le bambou au cœur de la vie quotidienne, permettant ainsi d'instaurer des relations harmonieuses entre la nature et la société humaine. Votre construction a été baptisée “arche de la reconstruction”. C'est une dénomination lourde de sens. Est-ce votre idée ? T. H. : En fait, c'est une expression qui est sortie spontanément de la bouche de ceux à qui nous avons montré les plans. Le site où nous avons bâti Take no kai est situé sur une petite colline qui surplombe la mer de l'autre côté de la ville qui a été dévastée par le tsunami. Quand j'ai expliqué le projet et souligné qu'il serait construit en bambou, une personne dans l'assistance a dit : “On dirait un radeau. S'il y a un autre tsunami, il flottera comme l'arche de ...