Souvent présenté comme un pays sans espaces verts, le Japon est pourtant plein d’endroits où les plantes ont la vie belle.
Au Japon, certains voient des jardins partout, des jardins japonais qui ressemblent à s’y méprendre à des non-jardins, théories de plantes en pot, sans toit ni loi, à la queue leu leu dans les moindres ruelles, funambulant sur les rebords les plus incertains”. Voici résumé en quelques mots le propos de cet ouvrage original qui rassemble les photos d’Olivier Delhoume et les textes de Michel Butor. Les deux auteurs se sont donc arrêtés devant ces jardins improvisés en pleine rue qui “signalent modestement la présence humaine et l’attachement au végétal”. Ils nous rappellent aussi que ces installations apparaissent comme “l’expression d’une revendication collective : reprendre à la ville un territoire urbanisé et le redonner à ses habitants”. C’est tellement vrai que les services de la voirie n’interviennent pas et que les passants préservent ce bien commun. Là une jardinière abandonnée. Ici des boîtes en plastique coupées en deux pour recevoir quelques fleurs. Comme l’écrit joliment Michel Butor, “une feuille montre la voie aux plantations qui l’accompagnent”. Elle est là aussi pour attirer l’attention des hommes et des femmes qui passent et repassent devant elle ou qui attendent le bus devant une rangée de petites jardinières bien entretenues. “Elle enlève avec des excuses une branche gênant une autre”, note l’écrivain après avoir observé une vieille dame dans les rues d’Osaka aux petits soins avec les plantes qui sillonnent son parcours. La lecture de ce petit livre promenade procure un véritable plaisir et on se met à rêver de voir apparaître dans les rues de nos cités bétonnées ces non-jardins publics pleins de charme.
Odaira Namihei
Référence :
Jardins de rue au Japon de Michel Butor et Olivier Delhoume, éd. Notari, Genève, 21 €. www.editionsnotari.ch