Il est 18h. L’odeur du curry - le menu du jour -commence à flotter dans l’air. Les légumes et la viande, donnés par un supermarché avec qui l’association travaille, sont plus ou moins cuits. Le soleil qui brûlait cette ville bétonnée tout au long de la journée se couche enfin, et le bleu du ciel devient de plus en plus profond. Dans les derniers rayons du soleil, les sans-abris apparaissent les uns après les autres, et font la queue autour du van pour le repas. A Tôkyô, les statistiques officielles font état d’environ 1 500 SDF, mais les associations humanitaires estiment qu’il y en a au moins trois ou quatre fois plus. Les décomptes officiels étant en effet faits pendant la journée, les sans-abris qui partent ramasser des déchets comme des canettes le jour pour en revendre ne sont pas pris en compte. Comme leurs têtes blanches témoignent, ils ont en moyenne 60 ans. Beaucoup sont des anciens ouvriers du bâtiment qui ont atterri dans la...