C’est sans doute l’un des événements de la rentrée. La rencontre entre le Français Bartabas et le danseur japonais Murobushi.
Après une tournée mondiale, le spectacle Le Centaure et l’Animal, fruit de la collaboration entre l’écuyer le plus célèbre de France, à savoir Bartabas, et le danseur de butô le plus reconnu au monde, Murobushi Ko, revient dans l’hexagone pour des représentation à la MC 93 en septembre. Le Centaure et l’Animal est le résultat d’une rencontre entre deux immenses figures mondiales du spectacle. Le résultat ne pouvait en être que plus impressionnant et abouti. Le langage commun aux artistes est celui du corps. Aussi bien de l’homme que de l’animal. Pas un mot, excepté ceux des textes extraits de l’œuvre de Lautréamont Les chants de Maldoror, lus par Jean-Luc Debattice.
Comme pour le butô, Bartabas est parvenu à mettre les quatre chevaux Horizonte, Pollock, Soutine et Le Tintoret dans un état de concentration extrême et à les faire évoluer à un rythme lent pour obtenir des gestes minimalistes, voire des immobilités totales. En même temps, entre halos de lumière et pénombre, Murobushi Ko se fait animal en ondulant, sautant, roulant sur le sol en se convulsant. L’immense talent du danseur japonais lui permet d’explorer l’aspect animal de la danse butô, en parvenant à fusionner avec l’être du cheval. Fascinant !
Murobushi Ko et Bartabas s’étaient rencontrés lors d’une tournée mondiale qui avait mené la compagnie Zingaro au Japon en 2008. Outre la renommée internationale qui les précédait, leurs points communs étaient leur amour de la même littérature produite par les écrivains maudits tels que Rimbaud ou Lautréamont avec leur univers sombre, et leurs quêtes permanentes d’expériences artistiques et humaines nouvelles.
Cette création franco-japonaise est en tout point révélatrice de la démarche artistique de Murobushi Ko en tant que danseur et chorégraphe de butô. Ayant eu pour maître, le fondateur même de la danse butô, Hijikata Tatsumi, il a simultanément obtenu l’essence japonaise de la danse butô et ses influences occidentales issues des textes de Jean Genet, Lautréamont ou encore Sade. Cette danse d’après-guerre était en marge de la société japonaise marquée par Hiroshima, et répondait à un besoin d’expression que le kabuki et le nô ne satisfaisaient plus.
Pour Bartabas, le butô est la danse des ténèbres avec un travail sur le corps de Murobushi Ko, qu’il qualifie de violent, extrême et douloureux. La noirceur des textes choisis par les deux artistes en est un parfait révélateur. L’œuvre Les chants de Maldoror serait la contraction de “mal” et “horror” en anglais et narre une succession d’épisodes où un personnage maléfique et surnaturel, mi-homme mi-animal, fait triompher l’imaginaire sur le réel.
Une collaboration avec la scène française était tout à fait évidente pour cet artiste toujours en recherche d’expériences nouvelles. Pour preuve, sa conversion en yamabushi, moine de la montagne, à la fin des années 1960, avant de revenir à la danse et d’explorer de nouvelles formes avec la création de la compagnie Dairakudakan, puis Ariadone avec Ikeda Carlotta. Il avait ensuite poursuivi son œuvre en s’ouvrant aux cultures du monde. En témoigne sa participation avec Bartabas pour Le Centaure et l’Animal. Ce spectacle est certainement l’un des grands événements culturels de la rentrée.
Elodie Brisson
Infos pratiques :
Le centaure et l’animal à la MC93 du 8 au 22 sept. à 20h30, dim. 15h30. Relâche lun. & jeu.
9, bd Lénine 93000 Bobigny – Tél. 01 41 60 72 72
www.mc93.com – Tarifs : 27€ / 18€ / 9€