Qu’est-ce qui est si génial dans la pêche ?
M. A. : Pour moi, la pêche est une expérience totale qui va au-delà et commence bien avant l’acte d’attraper du poisson. Par exemple, lorsque je me concentre sur un nouveau type de poisson, je commence à lire des livres, à consulter Internet et à en apprendre le plus possible sur leur habitat, leur comportement, ce qu’ils mangent, etc. La pêche commence là, par l’apprentissage, car on ne peut pas simplement prendre sa canne à pêche et aller pêcher. Sans une préparation adéquate, vous reviendrez probablement les mains vides. Même si vous êtes consciencieux, vous n’êtes jamais assuré d’attraper quelque chose. En ce sens, la pêche ressemble toujours à un pari.
Ensuite, il y a le matériel. Les nouveaux pêcheurs peuvent commencer avec 30 000 yens [258 euros]. C’est le montant dont vous avez besoin pour acheter un équipement décent. Mais quand vous vous y mettez vraiment, la somme que vous pouvez dépenser n’a plus de limite. Les cannes à pêche, les moulinets, les lignes de pêche, les leurres, les hameçons, etc. de haute qualité peuvent être très chers. Donc, pour répondre à votre question, les gens qui sont vraiment passionnés par la pêche aiment tout le processus.
Depuis combien de temps êtes-vous guide ?
M. A. : J’ai commencé en 2009. Actuellement, il y a environ 50 guides répartis dans toute la baie de Tôkyô, mais seulement la moitié d’entre eux sont des guides à plein temps comme moi. Il y a quand même beaucoup de concurrence. Pour devenir guide, il faut une licence. Parmi les conditions requises, vous devez vous entraîner pendant au moins 100 heures sur d’autres bateaux.
Environ la moitié de mon activité est constituée de voyages d’une demi-journée de six heures. Pendant la haute saison, nous partons à 5 h du matin et revenons à 11 h. Ensuite, je pars avec un autre client à 12 h 30 pour un retour aux alentours de 18 h 30.
Est-ce un travail agréable ?
M. A. : En tant que guide, j’apprécie chaque partie de mon travail que ce soit chercher le poisson ou l’attraper. J’aime aussi voir mes clients, ou même mes amis, attraper un beau poisson. Même si j’aime pêcher, au bout d’un certain temps, cela devient une routine. Je le fais depuis si longtemps que la capture d’un bar de plus ne me procure plus la même joie que lorsque j’étais plus jeune. Mais quand d’autres personnes attrapent un bar, elles sont tellement heureuses et excitées que je partage leur joie.
Le mauvais côté de mon travail est qu’il est assez difficile d’en vivre. Ma femme est très stressée à ce sujet. Quand j’ai commencé, j’étais encore célibataire et tout allait bien. Je gagnais suffisamment d’argent avec un métier que j’aimais. Mais maintenant, j’ai 40 ans et deux jeunes enfants. C’est dur. Nous travaillons beaucoup le week-end, comme vous pouvez l’imaginer, mais s’il y a trop de vent, comme hier, ou si les conditions météorologiques ne sont pas bonnes, nous ne pouvons pas sortir. De plus, les gens annulent tout le temps leur réservation. La pêche est un passe-temps, n’est-ce pas ? Donc si quelque chose arrive, c’est la première chose qu’ils annulent. Et maintenant, le coronavirus est en train de tuer mon entreprise.
La seule constante, c’est l’argent que je dois dépenser pour l’entretien du bateau. Son amarrage, du moins dans le coin, est gratuit. En dehors de cela, mon moteur hors-bord Yamaha 4 temps de 300 chevaux, par exemple, coûte entre 2,5 et 3 millions de yens, et je dois en acheter un nouveau toutes les 4 000 à 6 000 heures, c’est-à-dire tous les quatre ans environ. Et puis il y a toutes les nouvelles technologies qui vont avec la pêche. Maintenant, tout le monde doit installer toute l’électronique grâce à laquelle on peut repérer de bons bancs de poissons.