Depuis mon enfance, je rêvais de vivre à Paris. Je voulais devenir artiste comme ces peintres impressionnistes à Montmartre. Je rêvais de vivre dans une chambre de bonne, d’acheter une baguette le matin et la prendre sous mon bras sans la mettre dans un sac plastique. Voilà ce qu’était la vie parisienne idéale.
Arrivée en France pour la première fois à l’âge de 18 ans, je ne parlais pas un mot de français. On m’a dit qu’il suffisait de répéter « Paris » pour arriver à la capitale. Ce n’était pas faux ! Mais à Roissy, lorsque j’ai voulu échanger mes chèques de voyage pour acheter un ticket de bus, il n’y avait aucun bureau de change ouvert à cause d’une panne informatique, chose impensable au Japon. S’il n’y avait aucune banque ouverte à Narita, ça ferait la une de tous les journaux ! Mais en France, ça semblait normal. J’ai finalement été sauvée par une Japonaise qui m’a avancé de l’argent et nous avons pris le bus ensemble.
J’ai observé le paysage de la capitale, m’attendant à être émue ! Mais ça n’est pas venu. Mes yeux étaient fixés sur un McDo.. Un McDo ?! Je ne l’avais jamais vu à la télé au Japon ! Nous voulions nous poser dans un café, mais le serveur a refusé de nous accueillir car il était trop tôt. 5 minutes avant leur ouverture ! 20 ans ont passé, ce café existe toujours et je n’ai toujours pas trouvé le Paris dont je rêvais. Montmartre est plein d' »artistes » qui me proposent sans arrêt des dessins à 50€. La chambre de bonne n’a été qu’un logement au 7e étage sans ascenseur, mais avec des escaliers qui me tuaient. Le loyer n’était pas donné en raison de la magnifique vue sur une Tour Eiffel de 2 cm que j’apercevais au loin par la petite fenêtre. Aujourd’hui, je vis dans un immeuble moderne avec ascenseur, le supermarché qui me donne gratuitement des sacs plastiques est mon meilleur ami. Je suis devenue parisienne comme les autres qui râlent contre cette capitale, mais qui y restent.
Koga Ritsuko