Dix ans après la terrible catastrophe du 11 mars 2011, le photographe Hatakeyama Naoya nous a confié sa perception et sa mémoire de cet événement.
Je me chausse dans l’entrée et pousse la porte. Hélas, il pleut. Je sors, ouvre mon parapluie et, alors que je jette un rapide coup d’œil vers le sol, je suis un instant saisi par le ciel qui s’y reflète. L’asphalte mouillé renvoie les sombres silhouettes d’un pylône électrique et d’un immeuble se découpant sur le fond blanc du ciel au-dessus de ma tête, et puis, un peu plus loin, imperceptiblement, le vert de quelques arbres. Quand je me remets à marcher j’ai comme l’impression d’avancer dans le vide.
Étonnamment, quand il fait beau, le souvenir de ce genre de journée pluvieuse disparaît je ne sais où. Imaginez-vous sortant de chez vous alors que le ciel est bleu et qu’un soleil éblouissant cisèle des ombres d’un noir profond : vous est-il arrivé ne serait-ce qu’une seule fois que sur cette vision étincelante se superpose ce même paysage sous la pluie ? Pourtant c’est bien moi qui, ce jour de pluie, un peu mal à l’aise dans mon pantalon légèrement humide, observais ce même chemin, ce même alignement de maisons et d’arbres.
Je n’avais pas oublié cette journée. Je ne me la rappelais tout simplement pas. Et si je tente maintenant de m’en souvenir toutes sortes d’images me viennent à l’esprit. Mais alors, si je n’essayais pas “de me rappeler” quelle différence y aurait-il avec “l’oubli” ?
Dans une conversation il arrive souvent de dire à son interlocuteur : “oui, maintenant que tu m’en parles…” quand on se remémore quelque chose que l’on avait oublié : est-ce que ce n’est pas parce qu’il y a comme une sorte de porte qui s’ouvre et se ferme entre la conscience et la mémoire ? Si la porte est fermée, le souvenir ne se manifeste pas, si la porte s’ouvre, le souvenir apparaît. Quand la porte est ouverte, si rien n’apparaît, il doit s’agir de ce qu’on appelle l’oubli, et si la porte ouverte ne se referme plus, ce qu’on appelle un traumatisme. Le problème c’est que le responsable de l’ouverture et de la fermeture de cette porte, ce n’est pas soi.
Que répondre quand on vous dit “n’oublie pas” ? Comment respecter une promesse de “ne pas oublier” ? S’il nous arrive d’assurer “… sans faute” on ne peut s’empêcher de ressentir une légère incertitude. N’y a-t-il personne pour nous apprendre à ouvrir et fermer librement cette porte entre conscience et mémoire ?
Des élèves du primaire venus de loin en bus pointent le doigt vers la mer et s’écrient avec excitation “Là-bas ! C’est le Pin miraculé !” Sans doute du fait des travaux d’aménagement d’espaces verts menés ces derniers temps, la rudesse de l’énorme digue de béton en arrière-fond s’est estompée, et malgré la présence affligeante à côté du pin d’un bâtiment disloqué (ce qui reste de l’auberge de jeunesse de Rikuzentakata) l’ensemble du paysage paraît plus paisible qu’avant.
Bien que tout le monde s’extasie devant le pin qui a résisté à un raz de marée si énorme, en réalité, depuis 2013, cet arbre est une momie comme on en voit en Egypte. On a méticuleusement extrait du sol ses racines pourries pour les conserver ailleurs et une dalle de béton a été coulée dans la terre. On y a enfoncé un axe en carbone dans lequel le tronc plastifié a été inséré, quant aux branches qui s’étirent vers le ciel, leur cœur est en acier inoxidable recouvert de plastique et les feuilles aussi sont plastifiées ; avant de fixer les branches au tronc, des expériences de simulation de résistance au vent ont été effectuées par ordinateur et au sommet on a même installé un paratonnerre. (J’en suis désolé mais personnellement il m’est difficile de regarder en face le petit nombre de feuilles rabougries qui sont restées et se sont collées les unes aux autres. J’aurais préféré qu’elles gardent leur aspect touffu et leur forme d’aiguilles piquantes).
Ainsi, à l’exception d’une partie du tronc reconstitué, tout dans cet arbre a été remplacé par des matériaux artificiels si bien qu’il arrive que le service des relations publiques de la ville l’appelle “la réplique”. Comme il s’agit en fait d’un objet transformé, il est difficile de le considérer vraiment comme une réplique mais dans cette manière qu’a la ville de tenter de faire passer le message nuancé qu’il ne “s’agit plus du pin réel” sans doute faut-il voir une certaine recherche d’honnêteté.
Effectivement, ce pin n’est plus l’arbre réel. Mais alors, qu’est donc la chose qui se tient là ?
Il ne s’agit plus du végétal qui s’appelle “pin”, ni d’un arbre vivant qui naît et meurt. C’est plutôt une chose fabriquée, telle une sculpture ou un objet architectural. En tant que “reproduction à l’identique d’un objet réel” il me semble qu’il a aussi quelque chose à voir avec la photographie. Une photographie du “Pin miraculé” en trois dimensions et grandeur nature, donnerait sans doute la même impression.
Je ne me moque pas du “Pin miraculé”. En tant qu’enfant qui avait fait de la pinède Takata-Matsubara un de ses terrains de jeu, je n’en ai pas la moindre intention. Quand, au milieu des terrains dévastés de Rikuzentakata, ce pin se tenait seul tout droit, je me souviens encore parfaitement combien il a ému un grand nombre de gens, et, pour que de nombreuses personnes continuent à penser au désastre causé en 2011 par l’énorme raz de marée, je pense qu’effectivement il est préférable que le “Pin miraculé” reste présent. Lorsque le pin est mort, pendant l’automne 2011, malgré tous les efforts déployés pour le sauver, la décision prise par la ville de le conserver me semble pertinente. Cependant, quand je pense aux raisons pour lesquelles les gens tiennent encore maintenant à lui associer l’émouvant adjectif “miraculé”, je ne peux m’empêcher de ressentir un certain malaise qui me fait dire ces choses qui peuvent sembler malveillantes.
Ce qui se tient là, ce n’est plus un pin et il me semble qu’il serait plus juste de parler “d’image” ou de “mot”, de quelque chose qui est plutôt de l’ordre de l’idée. L’idée de “miracle”, par exemple, qui a fait qu’au milieu des soixante dix mille pins déracinés par le raz de marée un seul a résisté et est resté debout ? Si ce qui se tient là est de l’ordre de l’idée, alors, qu’il s’agisse de l’objet réel ou d’une réplique, la différence me semble infime et, surtout, ne plus avoir aucune importance au regard de l’importance de l’évènement.
Il s’agit donc là sans doute de ce que l’on nomme un “Memorial”. Un mécanisme qui ouvre la porte entre notre conscience et notre mémoire.
Cependant, quand, par la porte ouverte, ne déferlent que des souvenirs douloureux, cela devient trop dur à supporter. C’est pourquoi, partout, le long des côtes du Tôhoku, les vifs débats qui ont eu lieu à propos de la conservation de vestiges “pour transmettre la mémoire du désastre sismique” étaient si complexes. Dans le cas de Rikuzentakata, outre le “Pin miraculé”, les ruines de quatre bâtiments, le collège Kesen, le centre commercial de produits locaux, l’auberge de jeunesse et un des immeubles HLM communaux ont été choisis sans trop de difficultés pour être conservés comme vestiges de la catastrophe. Parce qu’à la différence du gymnase municipal, de plusieurs maisons de la culture de quartier et d’autres restes de constructions qui ont été démolis et déblayés, dans ces quatre bâtiments-là, il n’y a pas eu de morts.
En ce qui me concerne en tout cas le “Pin miraculé” ne me rappelle pas immédiatement le souvenir du grand raz de marée de 2011. (Ce souvenir me revient partout où que je me trouve dans la ville de Rikuzentakata). Quand la porte s’ouvre, ce qui me vient à l’esprit, étrangement, c’est la silhouette de ce philosophe utilitariste anglais connu pour sa théorie “The greatest happiness of the greatest number/ Le plus grand bonheur du plus grand nombre”, Jeremy Bentham (1748-1832).
Il y a plus d’une vingtaine d’années, quelque part dans Londres, à l’entrée d’une université, j’ai vu Jeremy Bentham, assis à l’intérieur d’une armoire, dans la tenue typique d’un philosophe du droit du XIXe siècle, coiffé d’un chapeau à large bord et portant une canne. Alors que j’admirais la qualité de la statue de cire l’amie qui m’accompagnait m’a dit qu’en accord avec son testament, c’était le vrai corps de Bentham qui se trouvait dans les vêtements et les gants et que la tête posée sur le cou était en cire mais qu’autrefois elle était posée à ses pieds !… J’ai sursauté de surprise quand elle m’a expliqué tout cela.
Je suis peut-être la seule personne au monde qui fasse le lien entre cette histoire bizarre et le “Pin miraculé” de Rikuzentakata. Pourtant, l’expression “réplique” utilisée pour le définir et la vue de ses épines artificielles me donnent le sentiment que faire la relation avec la momie assise dans son armoire n’est pas si étrange que cela.
Quand il approchait de la fin de sa vie, Bentham s’est sérieusement interrogé sur ce qu’il faudrait faire pour que “sa mort soit utile au bonheur des vivants” et sa conclusion a été de “laisser son corps dans l’université”. Il a offert son corps à la dissection, à une époque où il n’était pas facile pour la recherche médicale de rassembler des cadavres, et puis il a demandé ensuite à être habillé et exposé dans un lieu adéquat de l’université. Il aurait déclaré qu’en exposant ainsi son corps il pourrait éviter qu’on ait à le peindre ou le sculpter et permettre qu’on se le représente plus facilement et de façon attrayante. Dans le passé il est semble-t-il arrivé que pour le conseil d’administration de l’université on apporte sa tête dans la salle de réunion en annonçant “le Professeur Bentham est avec nous”; cela paraît vraiment incroyable, mais, si on prend le temps d’une calme réflexion, on peut il me semble voir là la marque de l’ingéniosité avec laquelle l’être humain s’efforce de saisir quelque chose de la vie et la mort, du bonheur du monde, de la mémoire, de la représentation et de la réalité. Ce qui, au fond, ne diffère sans doute pas tellement du désir de ceux qui ont voulu conserver le “Pin miraculé”.
J’ajouterai que ce qui a fait glisser ma réflexion du “Pin miraculé” à Jeremy Bentham tient aussi au concept d’“utilitarisme” que ce dernier défendait. Car après le séisme, aucun terme n’a autant fait réfléchir les artistes.
Un artiste, selon son inspiration, son génie ou ses efforts, tente de mettre au monde des œuvres nouvelles. Plus on respecte les grands artistes qui ont fait l’histoire de l’art, plus on s’efforce d’avancer au-delà du travail qu’ils ont accompli. C’est pourquoi, la construction, autant que possible, d’un style propre, ou du moins qui ne se superpose pas à celui des autres artistes est importante. Le sérieux mis à cette recherche fait que l’artiste se retrouve parfois en décalage avec l’entourage mais cela fait partie depuis toujours de la tradition artistique et ceux qui nous ont précédés recommandent bien de ne pas s’en préoccuper et de suivre son propre chemin…
Cette vision romantique est très courante. Certains vont même jusqu’à soutenir que “l’art, au fond, n’est compréhensible que par ceux qui comprennent l’art” ou que “l’art ne sert à rien et s’il sert à quelque chose ce n’est pas de l’art, c’est du design”. Ceux qui pensent ainsi ont aussi vu le séisme du 11 mars 2011, le raz de marée, l’accident nucléaire et le grand nombre de victimes. Certains font même partie des sinistrés. Alors, comme tous les autres ils ont été éberlués, ébranlés et rapidement se sont mis à réfléchir : “Que puis-je faire ? Que peut faire l’art ?”
Le terme anglais “utilitarianism” correspond à un principe qui s’attache à la recherche de ce qui est utile, profitable, et qui est censé participer au bonheur de l’humanité en général : il s’agit d’un principe philosophique puissant, difficilement réfutable. Après le séisme, n’était-ce pas, justement, ce qui était particulièrement attendu de l’art ? Pour les régions sinistrées, pour les victimes, pour le monde à venir : que pouvait l’art ? Plus que jamais, alors que “le plus grand bonheur pour le plus grand nombre” était le sujet le plus pressant, ceux qui pensent que l’art est “compréhensible seulement par ceux qui le comprennent” ou “qu’il ne sert à rien” ont dû beaucoup souffrir. Car parmi les exemples concrets d’actions artistiques qui semblaient “utiles”, aucun sans doute ne pouvait leur servir de modèle. Je pense que beaucoup d’artistes, tout en bouillonnant intérieurement, ont alors vérifié la profondeur des racines du modernisme dans l’art. J’étais l’un d’eux.
Le “Pin miraculé” a inspiré de nombreux artistes, des chansons ont été composées, des récits tressés, des images dessinées, des photographies prises ou des films tournés. (A Rikuzentakata ont même été créés les biscuits “Tamago-sembei du Pin miraculé”). Mais en réalité, est-ce que tout cela était “utile” ? Ou bien, tels des cris d’artistes, ne s’agissait-il que de l’expression univoque d’émotions ? Dans ce genre de moment, quel aurait été l’avis de Bentham à propos de l’utilité de l’art ?
La plage et la pinède de Takata-Matsubara s’étendent vers l’est depuis l’embouchure de la rivière Kesen. Ou plutôt elles s’étendaient. Le sable de la pinède avait été peu à peu transporté par la rivière. Je ne sais pas combien de siècles voire de millénaires cela avait pris. Mais tout a été emporté par le grand raz de marée et le bois de soixante-dix mille pins a entièrement disparu. Encore aujourd’hui j’ai du mal à croire qu’un paysage puisse être ainsi totalement anéanti, pourtant c’est bien ce qui semble s’être produit. Depuis le lieu appelé Osabe à Kesencho, voir s’étendre sur le bleu de la mer cette robuste ligne verte me rendait heureux mais ce n’est plus le cas aujourd’hui car c’est un long mur de béton blanc qui s’étend maintenant vers le lointain.
Le fait que le raz de marée soit remonté le long de la rivière Kesen jusqu’à huit kilomètres en amont de l’embouchure a surpris absolument tout le monde. Comme l’eau cherche l’horizontalité, lorsque la hauteur de la vague a atteint quinze mètres elle s’est répandue vers des lieux en contrebas et c’est à huit kilomètres de la côte qu’elle semble avoir trouvé ce point d’horizontalité, dans un endroit qui n’a pourtant rien à voir avec la mer, un lieu qui se trouve en montagne.
C’est cette région de montagnes que ma mère avait quittée pour se marier avec mon père qui vivait dans une maison au bord de la rivière, où, au début du printemps l’odeur de la mer se faisait sentir et de nombreuses mouettes venaient voler. Un chemin longeant la rivière permettait de faire des allers et retours : en remontant vers la montagne on allait vers les souvenirs d’enfance de ma mère, en descendant vers la mer, on retrouvait les souvenirs de notre famille.
La série de photographies que je prends actuellement a commencé sur ce chemin, avec la découverte d’un noyer de Mandchourie. Les noix de cet arbre ne sont pas celles que l’on trouve dans les supermarchés en ville, leur coquille est très dure et sans un marteau on ne peut pas la casser, c’est une noix très courante dans le Tôhoku. Pour répandre ses graines ce noyer utilise souvent les rivières. Dans les recoins où le courant s’arrête et l’eau stagne les noix s’accumulent et flottent alors on peut les récupérer avec une épuisette. On laisse d’abord pourrir le brou puis on lave les noix, on les fait sécher et ensuite on casse les coquilles, ce qui représente déjà un travail assez difficile, mais ensuite, même ouverte, la coquille ne délivre pas simplement sa chair et, avec un objet pointu, il faut aller la déloger dans les recoins, si bien que souvent on la récupère en miettes. On met le tout dans un mortier, on y ajoute petit à petit de l’eau jusqu’à obtention d’une pâte lisse, on ajoute du sucre et de la sauce de soja, et enfin, on y plonge le mochi du Nouvel An [de petites boulettes de pâte de riz, ndt], que l’on mange en famille, et tout le monde sourit de plaisir… Si j’ouvre la porte, c’est ce genre de souvenirs qui me reviennent les uns après les autres, interminablement.
Cet arbre, pendant plusieurs années après le séisme n’était pas visible. Ou plutôt c’est moi qui ne m’étais pas aperçu de sa présence. Sans doute parce qu’il restait encore d’autres arbres autour de lui. Mais ils sont morts et quand ils sont tombés seul cet arbre-là est resté debout. Et puis, les feuilles du noyer de Mandchourie se développant plus tardivement que celles des conifères, je ne l’ai remarqué qu’au milieu de l’été, il y a trois ans environ.
Autour de l’axe du tronc, sa moitié orientée vers la mer était totalement morte jusqu’à sa cîme alors que la moitié tournée vers la montagne était couverte de feuilles d’un beau vert tendre. Surpris, je me suis approché et j’ai vu que l’écorce sur le tronc vers la mer portait une grosse cicatrice. C’était bien l’énorme raz de marée qui, lorsqu’il était remonté le long de la rivière en charriant toutes sortes d’objets, et sans doute pas seulement des objets, l’avait brutalement percuté et produit cette blessure.
Si je me lance dans le récit de ce qui a suivi je serai trop long et m’arrête donc ici. Je tiens seulement à évoquer les mots qui me sont soudain venus à l’esprit lorsque ce noyer a ouvert la porte entre ma conscience et ma mémoire. Il s’agit de l’expression “la vie continue”. Je n’ai aucunement l’intention de prendre une pose prétentieuse en utilisant une phrase en français mais je ne trouve franchement pas d’expression courante en japonais qui exprime ainsi en un seul mot “la vie” tant des humains que des autres êtres vivants.
Le 13 novembre 2015, à Paris, dans un théâtre, un stade et des restaurants ont eu lieu plusieurs attentats terroristes qui ont fait de nombreux morts (130) et blessés (plus de 300). Pendant plusieurs jours, même au Japon, les médias ont montré des scènes terribles et, quelque temps après les faits, j’ai vu à la télévision le reportage d’un journaliste japonais qui interrogeait des passants dans les rues de Paris où régnait encore une ambiance inquiétante. Une jeune femme s’est arrêtée pour exprimer devant le micro sa colère et sa tristesse face à l’absurdité des évènements et, tout en parlant aussi de son inquiétude, elle insistait sur l’importance malgré tout de garder son calme et de ne pas changer sa façon de vivre au quotidien, et puis, avant de reprendre sa route, elle a conclu en disant “la vie continue”.
Elle a lancé cette phrase sur un ton un peu brutal, ce n’était pas ce qu’on peut appeler des paroles de consolation. Pourtant, moi, j’ai eu le sentiment que cette phrase m’apportait un profond apaisement. J’ai eu le sentiment que les mots que je regrettais de ne plus entendre autour de moi depuis le séisme c’était exactement ces mots-là.
Tokyo, décembre 2020
Hatakeyama Naoya
Publication en japonais : Art Support Tohoku-Tokyo 2011→2021
Traduction du japonais : Corinne Quentin
Hatakeyama Naoya
Né en 1958 au Japon, à Rikuzentakata dans la préfecture d’Iwate. En 1997 a reçu le Prix de la photographie Kimura Ihei et le Prix d’art Mainichi en 2000. En 2001 a participé à l’exposition “fast and slow” du Pavillon japonais pour la Biennale internationale d’art de Venise. Prix du Ministère de l’éducation japonais pour son exposition “Natural Stories” au Musée de la Photographie de Tokyo en 2011, exposition présentée ensuite au Musée Huis Marseille à Amsterdam puis en 2012 au Musée d’art moderne de San Francisco. A participé à l’exposition “Architecture. Possible here ? Home-for-All” en 2012 dans le Pavillon japonais pour la Biennale internationale d’architecture de Venise (lauréat du Lion d’or pour la meilleure participation nationale). Ses principales publications sont Lime Works (Seigensha 1996, 2007), Underground (Media Factory 2000), Terrils (light Motiv 2011), Blast (Shogakukan 2013); plusieurs de ses livres sont parus en France aux éditions Textuel La houillère de Westphalie et Light Motiv : Kesengawa, Rikuzentakata.
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