Je rêvais de vivre en Europe comme les héros de certains animes japonais. Enfant, j’adorais mon rendez-vous quotidien après l’école devant la télé pour regarder Candy. Cette héroïne m’apprenait inconsciemment que le monde était vaste et me disait de partir du Japon pour le découvrir. A l’âge de 18 ans, j’ai par hasard trouvé la série complète de Candy en manga chez un bouquiniste. Au bout de trois nuits de lecture, j’ai décidé d’abandonner mes études à la fac et de quitter l’archipel. Je me suis alors retrouvée en France six mois plus tard.
On était en 1990, la vie réelle dans ce pays étranger ne m’était pas aussi facile que celle de Candy, oui j’avais oublié que je ne maîtrisais pas la langue. Un jour, en regardant la télé que je ne comprenais pas, je suis tombée sur Heidi, une série animée japonaise. Sans comprendre les paroles, j’ai eu l’impression d’avoir tout compris comme le moment des retrouvailles avec une vieille amie. Cela fait m’a donné confiance en moi et mon français a un peu progressé.
Des années plus tard, je me suis fait des amis français que je fréquente encore aujourd’hui. Au début nos seuls sujets communs étaient Goldorak et Albator. C’était la première fois en France que j’avais eu un sujet que je connaissais mieux que ces Français ! Une grande fierté ! Pourtant ce n’était pas évident de deviner le nom de ces héros car au Japon, Goldorak s’appelle Grendizer et Albator se nomme Harlock. C’est presque choquant que Capitaine Tsubasa soit transformé en Olive et Tom, aucune trace du nom original. De plus, je me suis rendu compte à ce moment là que les héros qui étaient des Japonais pour moi, ne l’étaient pas pour ceux qui vivent ici. Oh non ! Ça change tout ! Il était important, pour moi, que ces vaillants héros se battant à travers le monde soient des compatriotes, ça me donnait du courage. Or, ils se sont fait naturaliser et vivent comme s’ils étaient français ! Mine de rien, les héros de manga sont des modèles d’intégration ! D’accord, cet été, je vais lire One Peace !
Koga Ritsuko