Je rêvais de ne pas subir la saison des pluies que l’on appelle tsuyu au Japon. Il s’agit de la période qui s’étend de juin à mi-juillet et au cours de laquelle il pleut tout le temps. Pendant des jours et des jours, il tombe littéralement des cordes semblables à des milliers de fils de chanvre partant du ciel vers le sol, ce que je ne rencontre quasiment pas en France.
Tout au début de mon séjour en France, par habitude japonaise, lorsque le temps était couvert je sortais avec mon parapluie et dès la première goutte tombée du ciel je l’ouvrais très fièrement avant les autres. Or je ne voyais personne qui m’imitait. Ici, les gens portent rarement de parapluie et marchent tranquillement sous la pluie ! Ce fut un choc culturel et j’ai eu honte de moi. Depuis, ne pas m’abriter sous un parapluie est devenu pour moi le symbole de vie à la française, et je bombe le torse en me laissant mouiller par la pluie. Je prends bien sûr mon pépin lors de pluies diluviennes, mais uniquement celui qui est pliant, à moitié cassé ! Ici, l’idée de choisir un parapluie coquet de couleur gaie pour casser la morosité n’est apparemment pas courante et la méthode commune pour vivre le mauvais temps est de nous plaindre : « Ah putain quel temps de merde ! », « Il pleut comme vache qui pisse ! ». On dirait que la pluie et les Français ne sont vraiment pas amis. Même ouvrir un parapluie à l’intérieur d’un bâtiment porte malheur. C’est pourtant ce que je fais encore sans hésitation. Désolée.
Koga Ritsuko