A défaut d’être distribuée en salles, la dernière création de Shinkai Makoto sort en DVD le 4 juillet. A ne surtout pas rater.
La distribution de films semble être un métier de plus en plus compliqué en France puisqu’un nombre croissant de longs métrages ne passe plus par la case auparavant obligée des salles obscures avant d’être édités en format vidéo. Désormais, les distributeurs choisissent de sortir leur film en DVD ou en Blu-Ray, évitant les coûts d’une distribution en salles qui pourrait s’avérer trop lourde à supporter. Si l’on peut le comprendre pour certaines productions, c’est parfois incompréhensible pour d’autres tant leurs qualités intrinsèques permettent de penser qu’elles auraient gagné un large public et le cœur de la critique. Les sorties en salles restent en effet le meilleur moyen de toucher le grand public. Dans le cas du Voyage vers Agartha de Shinkai Makoto, il est évident que ce film ne s’adresse pas qu’aux férus d’animation japonaise, mais que sa dimension universelle lui aurait sans doute permis de s’imposer auprès de celles et ceux qui apprécient tout simplement les œuvres de qualité. Le risque de la sortie directe en DVD est justement de laisser croire au spectateur que le film ne méritait pas de figurer au programme des salles de cinéma. Or le troisième long métrage de Shinkai Makoto est un chef-d’œuvre qui ne doit en aucun cas passer inaperçu et qui prend toute sa dimension sur un grand, très grand écran. Dans ses films précédents (La Tour au-delà des nuages, 5 centimètres par seconde), le réalisateur avait déjà démontré ses qualités avec des histoires originales et une maîtrise des techniques d’animation digne des meilleurs de la profession. Avec Voyage vers Agartha, il franchit une nouvelle étape, en atteignant le niveau des productions signées Miyazaki Hayao et des studios Ghibli. Il revendique d’ailleurs une certaine influence de la référence japonaise en la matière. “Je crois que Voyage vers Agartha a été très influencé par le style Ghibli”, reconnaissait-il dans une récente interview publiée au Japon. “Les œuvres produites par les studios Ghibli ont un impact important sur les producteurs d’animation. Pour un Japonais, c’est une marque que tout le monde connaît. Dès lors, je crois qu’il m’était difficile d’échapper consciemment ou inconsciemment à cette influence. J’ajoute qu’il y a des éléments dans ce film qui évoquent des œuvres créées par les studios Ghibli et qu’ils sont là parce que je l’ai souhaité”. C’est sans doute ce qui permet au Voyage vers Agartha d’avoir cette dimension universelle que ses précédentes œuvres ne possédaient pas malgré leur grande qualité technique.
Depuis la mort de son père, la jeune Asuna, qui vit avec sa mère souvent absente, passe beaucoup de temps dans les collines près de chez elle où elle fait la connaissance d’un jeune homme. Un jour, celui-ci la sauve des griffes d’un monstre et l’invite avant de disparaître à rejoindre Agartha, un monde souterrain où vivraient les dieux. Avec l’aide d’un de ses professeurs qui a lui-même perdu sa femme, Asuna part en quête de ce monde oublié où elle espère trouver des réponses à sa solitude. Il s’agit pour elle de combler des absences — celles de son père et du garçon qui l’a sauvée — et de comprendre en définitive que la perte d’êtres chers appartient au cycle de la vie. Shinkai Makoto nous entraîne dans cette histoire touchante avec des personnages aux quels on peut s’identifier. Le tout dans des décors magnifiques caractérisés par des cieux dont le réalisateur a le secret. Un film dont il ne faut pas se priver même si ses apparitions en salles seront limitées à quelques avant-premières.
Gabriel Bernard
Référence :
Voyage vers agartha de Shinkai Makoto (2011, 115 mn), éd. Kaze. Sortie le 4 juillet en DVD (19,99€), en Blu-Ray (24,99€) et coffret collector (32,99€).