L’éditeur Nobi Nobi ! publie une excellente adaptation d’un conte de Lafcadio Hearn. A mettre dans toutes les mains.
Dans notre premier numéro de Zoom Japon, en juin 2010, nous avions consacré un article à Nobi Nobi !, toute jeune maison d’édition qui nous semblait prometteuse. Force est de constater qu’elle a tenu toutes ses promesses et que les ouvrages publiés au cours des 24 derniers mois lui ont permis de se bâtir une solide réputation de sérieux et de grande qualité. Et ce n’était pas gagné d’avance dans un secteur — le livre pour la jeunesse — qui est très concurrentiel et exigeant. Mais de publication en publication, elle nous prouve qu’elle maîtrise parfaitement son sujet et qu’il est franchement rare d’être déçu par ses choix éditoriaux. Hôichi, la légende des samouraïs disparus en est une brillante illustration. Cet ouvrage qui s’adresse à un public à partir de 7 ans est le fruit du travail exceptionnel d’écriture de Funaki Hiroshi et du non moins formidable travail graphique signé Saitô Yoshimi. Les deux hommes se sont attaqués à l’adaptation d’une nouvelle de Lafcadio Hearn. L’écrivain d’origine irlandaise, qui a pris la nationalité japonaise et un patronyme nippon Koizumi Yakumo, est très connu pour ses histoires de fantômes réunies dans le receuil Kwaidan. Le récit sélectionné par les deux hommes se fonde sur un fait historique, la bataille de Dan-no-ura au cours de laquelle les clans des Heike et des Genji s’affrontèrent violemment, provoquant la mort de milliers d’hommes dont le jeune empereur Antoku. Cet affrontement, un jeune musicien aveugle du nom de Hôichi, est capable de le raconter en musique d’une si belle manière qu’il en devient très célèbre. Originaire de la même région où eut lieu la bataille, le jeune garçon est fermement invité par un samouraï à se rendre dans un palais voisin pour interpréter le fameux poème des Heike qui raconte les violents combats entre les deux clans. La cour devant laquelle il est appelé à chanter, en s’accompagnant de son instrument, le biwa, est bien étrange et un peu effrayante. L’histoire est très bien découpée et les magnifiques illustrations de Saitô Yoshimi suscitent le plaisir chez le lecteur (quel que soit son âge). Un travail d’orfèvre dont on ne se lasse pas de la première à dernière page. Hôichi, la légende des samouraïs disparus procure un vrai plaisir de lecture. On salue aussi le soin apporté à l’impression qui accentue encore le sentiment de satisfaction. Bref, un excellent cadeau à faire à un enfant en cette fin d’année scolaire.
Odaira Namihei
Référence :
Hôichi, la légende des samouraïs disparus de Funaki Hiroshi et Saitô Yoshimi, trad. par Anne Mallevay, éd. Nobi Nobi !, 14,50 € – www.nobi-nobi.fr