Nouveau coup gagnant pour Kazé qui sort la très belle série Eden of the East de Kamiyama Kenji. A voir sans tarder.
Que faites-vous le jeudi soir en troisième partie de soirée lorsque vous résidez au Japon et que vous êtes en quête de nouveauté ? Partez-vous errer dans les rues, en espérant faire l’expérience de votre vie ou restez-vous sagement chez vous à attendre le début de Noitamina, le programme hebdomadaire que la chaîne Fuji TV consacre à l’animation. Il ne s’agit pas de ces dessins animés crétins que certaines chaînes servent encore à un public pas encore assez averti, mais de séries de grande qualité. Celles-ci permettent aux créateurs les plus talentueux d’explorer de nouvelles pistes tant sur le plan de la forme que du fond. Cela donne souvent naissance à des chefs-d’œuvre. N’ayons pas peur du mot ni de Noitamina, terme pour le moins intrigant qui est tout simplement le mot animation écrit à l’envers. Ce choix sémantique en dit long sur la volonté de la chaîne de casser les recettes habituelles de la série d’animation. Pour en profiter, il fallait jusqu’à présent soit vivre au Japon et être noctambule (le programme commence rarement avant 1 heure du matin), soit jouer à l’apprenti pirate en téléchargeant illégalement sur la Toile les épisodes de la semaine. Mais cela a changé lorsque Kazé a mis en place, l’année dernière, son site de VOD KZplay.fr sur lequel il proposait des séries issues de Noitamina. Désormais, grâce à sa nouvelle collection Kazé Néo de DVD et Blu-Ray, l’éditeur permet au plus grand nombre d’accéder à ces perles de l’animation.
Lancée au printemps 2011 avec Ghost Hound de Nakamura Ryûtarô, Kazé Néo a déjà à son actif La Déchéance d’un homme d’Asaka Morio (voir Zoom Japon n°9, avril 2011) et propose aujourd’hui Eden of the East de Kamiyama Kenji, série diffusée entre avril et juin 2009 dans le créneau horaire de Noitamina. Produite par le studio I.G à qui l’on doit notamment Ghost in the Shell (1995) d’Oshii Mamoru ou Steamboy (2004) d’Otomo Katsuhiro, cette série s’intéresse au destin de Morimi Saki et de Takizawa Akira qu’elle rencontre de façon cocasse non loin de la Maison Blanche, à Washington. Nu, amnésique et armé, le jeune homme est considéré comme un terroriste et va entraîner Saki dans sa fuite vers le Japon. Elle se retrouve ainsi malgré elle au cœur d’une histoire qui voit la capitale japonaise devenir la cible d’attentats sanglants. Mais ne vous y trompez pas, Eden of the East n’est pas une énième série mettant en scène la destruction du Japon. Certes la violence terroriste n’est pas absente, mais elle est plutôt le prétexte à une étude de caractères et une exploration de la société japonaise contemporaine qui n’a, semble-t-il, pas encore trouvé sa voie. Malgré le sérieux de la situation, les personnages principaux ont un côté léger qui permet au réalisateur d’alterner des moments graves et des situations inattendues et assez comiques. C’est ce qui fait le charme de la série et son succès auprès du public japonais. Celui-ci a ainsi pu se retrouver dans la description sans concession des travers d’une société dont l’excès de confiance dans les autorités réserve de bien mauvaises surprises. L’accident à la centrale de Fukushima Dai-ichi et ses conséquences viennent de le rappeler cruellement.
Odaira Namihei
Référence :
Eden of the east, de Kamiyama Kenji, DVD (49,95 €) et Blu-Ray (59,95 €), coll. Kazé Néo, éd. Kazé, www.kaze.fr