Malgré une embellie des ventes de véhicules en 2009, les constructeurs s’inquiètent du désintérêt des jeunes.
Depuis l’introduction, en avril 2009, de la prime et d’un crédit d’impôt destinés à favoriser le renouvellement du parc automobile, les constructeurs ont retrouvé un peu le sourire. En 2009, les ventes de véhicules neufs ont progressé de 3,8 % par rapport à l’année précédente, un chiffre positif pour la première fois depuis quatre ans. Pourtant cette augmentation cache une tendance qui ne manque pas d’inquiéter les professionnels du secteur. Ceux qui ont profité de l’incitation fiscale et de la prime à la casse appartiennent à la tranche d’âge des 50 ans et plus. Une étude du ministère des Affaires générales montre d’ailleurs que la part des dépenses liées à l’automobile a augmenté en 2009 chez les 50 ans et plus, alors qu’elle a baissé chez les moins de 30 ans. Cela fait plusieurs années que la voiture ne suscite plus l’envie de consommer chez les jeunes qui ont vu leur pouvoir d’achat se réduire de façon significative (embauche tardive, salaires et primes en baisse) et qui ne font plus de la possession d’un véhicule une priorité. Outre le coût à l’achat, l’entretien ou encore le parking incitent les jeunes à se tourner vers d’autres solutions. La bicyclette connaît un certain engouement, mais ce sont surtout les services d’autopartage (carsharing) qui ont le vent en poupe, notamment dans les villes. Orix Carsharing, la principale société spécialisée dans l’autopartage, confirme cet enthousiasme chez les jeunes puisque 53 % de ses membres ont moins de 30 ans. Pour une somme modique, l’abonné peut réserver et utiliser une voiture pour une durée moyenne de 2 heures 15. Il lui en coûtera 190 yens [1,6 euro] les quinze minutes, ce qui est très abordable et donc renforce l’attrait de l’autopartage.
Pour les constructeurs automobiles, la prise de distance des jeunes vis-à-vis de la voiture est une source d’inquiétude dans la mesure où les aides de l’Etat pour soutenir le marché seront bientôt arrêtées. Par ailleurs, ils constatent que les modèles propres comme la Prius de Toyota et l’Insight de Honda séduisent davantage les plus de 50 ans que les moins de 30 ans. Ils doivent donc réfléchir à la mise sur le marché de véhicules susceptibles de relancer l’intérêt de la jeunesse pour les quatre roues. Avec son modèle CR-Z hybride et sportif, Honda a trouvé un début de réponse puisque depuis son lancement, en février 2010, les moins de 30 ans en semblent très friands (42 % des acheteurs). D’autres constructeurs comme Nissan investissent à plus long terme, en lançant une campagne de marketing à destination des enfants en bas âge et au travers d’eux des jeunes parents. Le travail est donc loin d’être terminé et il leur faudra redoubler d’efforts pour donner envie à la jeunesse nippone de reprendre le volant.
Gabriel Bernard