Pour son premier film tourné à l’étranger avec une équipe européenne, le réalisateur de Tokyo Sonata transforme l’essai. A première vue, Le Secret de la chambre noire, le nouveau film de Kurosawa Kiyoshi, apparaît comme une nouvelle tentative du cinéaste de traiter l’un de ses sujets favoris : les fantômes. Mais la coproduction franco-japonaise tournée en France avec des acteurs francophones s’avère être un projet un peu plus ambitieux. A la différence des films qui ont fait sa réputation au début de sa carrière, sa dernière réalisation aborde une autre dimension de la question ectoplasmique. En abordant le thème de la photographie, plus précisément du daguerréotype, ce procédé photographique mis au point par Louis Daguerre qui produit une image sans négatif sur une surface d'argent pur, Kurosawa Kiyoshi a trouvé “un parfum d’une mort faite de lumière froide qui n’a rien à voir avec la vive impression de réalité rendue par l’image numérique, ou la vitalité déformée des portraits peints”. De quoi l’encourager à explorer le thème car “par l’intermédiaire du daguerréotype, j’ai compris que l’apparition d’un fantôme ne devait pas forcément être fondée sur la relation traditionnelle tuer / être tué, et qu’il était tout à fait possible de l’envisager dans les termes photographier / être photographié. J’étais certain qu’il pouvait exister une histoire de fantôme qui ne soit pas un simple récit de...