Avec Cannon Fodder, Ôtomo Katsuhiro offre une œuvre qui résonne avec l'absurdité de notre époque. / © Mash Room/Memories Project 1995 Sorti il y a près de 30 ans, le film composé de trois courts-métrages n'a pas pris une ride. Ôtomo Katsuhiro est entré dans le Panthéon de l'animation grâce à l'adaptation de son manga Akira en 1988. Comme souvent, on a l'habitude de ne conserver en mémoire qu'une seule œuvre pour qualifier le travail d'un artiste et bien sûr dans le cas d'Ôtomo, c'est ce premier film qui est mis en avant au point de négliger tout ce qu'il a pu réaliser par la suite. Il est vrai que le niveau de qualité atteint par cette œuvre est tel qu'il est difficile de regarder ses autres réalisations sans les trouver fades et moins abouties.Mais cela est faire injure au génie de ce dessinateur qui a produit d'autres chefs-d'œuvre parmi lesquels Memories sorti initialement en 1995. Les plus tatillons diront que ce film composé de trois courts-métrages n'a pas été entièrement réalisé par Ôtomo Katsuhiro puisqu'il n'en a dirigé qu'un seul, Cannon Fodder, les deux autres, Magnetic Rose et Stink Bomb ayant été respectivement confiés à Morimoto Kôji et Okamura Tensai. Reste qu'il a écrit le scénario de chacun d'entre eux et a bénéficié de la complicité du grand Kon Satoshi pour le scénario de Magnetic Rose qui ouvre le bal. Celui-ci raconte comment le Corona, un vaisseau spatial en bout de course, rencontre des difficultés alors que l'équipage enquête sur un signal de détresse envoyé par un énorme vaisseau en décomposition. Le deuxième, Stink Bomb, suit un malheureux qui tente de soigner son rhume, sans se rendre compte que le médicament qu'il a pris provoque un désastre aux proportions épiques. Enfin, le film se termine par Cannon Fodder réalisé par Ôtomo, dans lequel il décrit un monde où toute la population se consacre, dès la naissance, au tir de canons gigantesques contre un ennemi invisible. Le seul problème est de savoir quand les tirs s'arrêtent.Bien que Memories soit sorti en 1995, il n'a pas pris une ride, tout comme Akira aurait pu sortir hier et semblerait encore frais. La direction artistique est tout simplement stupéfiante, avec un niveau de détail incroyable dans chaque histoire. Alors que Stink Bomb est le plus proche de l'univers typique d'Ôtomo, Magnetic...