Le second volet des Sentinelles du Soleil Levant a été montré en avant-première à Paris. Le film insiste sur les initiatives durables menées par des Japonaises et Japonais attachants. Il dresse aussi un beau portrait des paysages et du patrimoine de Nagasaki.
A Nagasaki peut-être plus qu’ailleurs, on sait que l’avenir est précieux, et la nature fragile. Ce n’est alors pas un hasard si cette région de l’Ouest du Japon est une pépinière d’initiatives durables, destinées à renouer le lien avec l’environnement, à mieux produire, à anticiper les difficultés de demain. Ces Japonais qui croient en un avenir en symbiose avec le vivant, le présentateur Alexandre Szuren les a surnommés les sentinelles. Il leur consacre son travail depuis quelques années, à travers les deux volets des Sentinelles du Soleil Levant. Le second a été tourné en 2023, durant une longue immersion dans la ville de Nagasaki et les îles voisine de Goto et Tsushima. Un moment riche et dense pour l’équipe de BelOrage Productions, assistée sur place par l’agence japonaise wondertrunk&co. Leurs rencontres sur place, ont donné lieu à des portraits. Parmi ces Sentinelles, on fait la connaissance de INUZUKA Yûtoku, qui lutte pour ramener des algues dans une baie victime du réchauffement, d’un nettoyeur de plages, d’un homme attentif à la survie des lucioles. KANAUMI Nobuko raconte comment elle a lancé la restauration locale et végétarienne à Nagasaki, et un agriculteur fait tout pour que le chat léopard, une espèce menacée, revienne vivre à côté de ses rizières. Leurs histoires racontent un Japon qui espère, qui travaille pour changer les choses, autant qu’elles nous font découvrir les cultures, les terroirs de la région.
C’est peut-être la nature, le personnage principal du documentaire. Le film laisse ainsi toute la place aux paysages, leurs côtes découpées, leurs reliefs volcaniques. Un drone filme les superbes rizières en terrasse de Doya, et le chapelet d’îles qui s’étale au delà de la rade de Nagasaki. Dont Goto, qui a su conserver une nature sauvage, et ancienne, à l’image de son charismatique volcan Onidake. On découvre aussi des champs de thé vert, et un camélia utilisé dans la confection du gin local, avant d’entendre parler un maître en bonsaï.
Voilà un film qui donne envie de partir, d’aller à la rencontre de ce Japon lointain, plus proche de la Corée que de Tokyo. Sa capitale, Nagasaki, est une ville charmante, où s’empilent des influences cosmopolites, chinoises, portugaises, américaines ou françaises. On y visite le plus ancien chinatown du Japon, et aussi sa plus vieille église ; on y entend des mots latins et portugais ; et la cuisine locale shippoku intègre des saveurs de Chine et des Pays-Bas. Face au port charismatique de Nagasaki, c’est l’archipel de Gotô. Cinq îles, et partout une nature intense. Une population tournée vers la mer. Devant des plages de sable fin, les missionnaires européens ont bâti de magnifiques églises en bois, classées par l’Unesco. Plus loin encore, Tsushima est la dernière terre japonaise avant la Corée. Son climat est chaud et humide, sa forêt un paradis pour randonneurs.
Vendredi 26 janvier, une centaine de personnes se sont retrouvées pour l’avant-première du film, très applaudi, puis objet de toutes les discussions au cocktail donné dans le restaurant de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD, Paris 9e). Au choix pour faire kanpai, un saké grand cru produit au nord de la préfecture, à Hasami ; celui du brasseur Senryû Shuzô, installé dans la seconde ville de la région, Sasebo ; ou encore un gin artisanal. Car à l’heure où plusieurs régions japonaises se tournent vers la production du spiritueux britannique, l’île de Fukue accueille elle aussi une distillerie artisanale. Le nom du gin, tsubaki, renvoie à sa recette de graines de camélia, l’arbre emblématique de l’archipel de Goto. Même les amuse-bouche avaient un goût de Nagasaki : des manju au porc laqué, de la boutargue et des hatoshi (beignet) de langoustine, préparés par le chef du restaurant parisien Mr. T, un natif de Nagasaki, MIYAZAKI Tsuyoshi.
Le film sera diffusé au printemps 2024 sur la chaîne Ushuaïa Tv.