Cette année, le Japon va connaître plusieurs événements exceptionnels. Afin de célébrer l’inauguration d’une nouvelle ère impériale, le gouvernement a décidé de créer deux jours fériés supplémentaires seulement pour 2019, dont un sera le 1er mai. Ce n’est pas un choix innocent que d’avoir placé cette journée commémorative du changement de l’ère (kaigen kinenbi) au milieu de la Golden Week, fameuse série de jours fériés consécutifs. Cela permettra à beaucoup de personnes de prendre au maximum 10 jours consécutifs de congés, autrement dit en japonais jû-renkyû. C’est juste “énorme” pour les salariés nippons qui n’ont qu’une semaine de “vacances d’été” ! C’est la fête ! Reste à savoir si les Japonais s’offriront un congé de plus de 5 jours. La réponse est : oui et non. Alors qu’une partie de la population enthousiaste prévoit un voyage de rêve, le reste s’inquiète et se demande de manière réaliste : “Comment vont se passer ces jû-renkyû, période jusque-là totalement inconnue ?” Va-t-on arrêter les usines ? Comment les travailleurs non-réguliers gagneront-ils leur vie ? Qui répondra aux appels des clients ? Les hôpitaux seront-ils fermés ? N’y aura-t-il plus d’espèces dans les distributeurs de billets ? Quid de la collecte des déchets ? On dirait la fin du monde. Vivant à Paris, je me rends compte de la chance que j’ai avec pour seul souci concernant mes 20 jours consécutifs de congés payés : est-ce que mon train ne sera pas annulé ? Et si je peux en avoir un autre, j’espère que le métro ne rencontrera pas d’incident technique avant d’arriver à la gare ! Bien sûr les deux incidents peuvent se produire le même jour et ce n’est pas rare. Ça m’énerve. Mais je ne panique plus car j’ai renoncé à me dire que tout va bien se passer! Tout est une question d’habitude. Au Japon, avant la fin de l’ère Heisei, la nouvelle réforme du travail (hatarakikata kaikaku) entrera en vigueur afin de réduire le temps de travail des samouraïs modernes. J’espère qu’ils bénéficieront d’un nouveau mode de vie et qu’ils respireront mieux sous la nouvelle ère.
Koga Ritsuko