Dans cette ville de 88 000 habitants, on a choisi d’enseigner aux enfants l’art de bien se nourrir. Un pari sur l’avenir.
Lorsque sonne l’heure du déjeuner dans l’école élémentaire Kônan, à Fukuroi, dans la préfecture de Shizuoka, chacun sait ce qu’il doit faire. Comme dans beaucoup d’établissements scolaires nippons, le repas se prend dans la salle de classe dont on réagence les tables, le temps du repas. Ce sont les écoliers eux-mêmes qui, à tour de rôle, servent leurs camarades. Encadrés par les adultes, les responsables en herbe du jour s’équipent d’une blouse blanche et d’une charlotte, se lavent les mains et descendent au rez-de-chaussée pour récupérer les chariots qui contiennent les repas chauds, livrés quelques minutes plus tôt par le camion de la cantine centrale. Aujourd’hui, au menu, du sawara, un poisson local préparé en sauce, une soupe de légumes et aux pâtes et deux tranches de pain accompagnées de chocolat à tartiner. En guise de boisson, une brique de lait.
Rompus à cette organisation, les enfants récupèrent les bacs qui contiennent les aliments encore chauds dans les chariots, font des piles avec les plateaux et préparent couverts et baguettes. Le reste des écoliers font la queue, et patientent calmement en attendant que tout soit prêt. La mise en place achevée, à la manière d’une cafétéria, les enfants récupèrent un plateau et se font servir par les responsables du jour. Avec beaucoup de délicatesse, ces derniers entreprennent de servir les mets, soigneusement préparés et les disposent dans la vaisselle. Une fois le repas servi, le temps imparti est de vingt-cinq minutes précises, pas une minute de plus. “Nous souhaitons que les enfants se concentrent sur ce qu’ils mangent, justifie Kobayasahi Mihoko, éducatrice-nutritionniste attitrée de l’école depuis 2005. Une fois qu’ils ont terminé, ils peuvent discuter entre eux, aller s’amuser dans la cour. Pas avant.” Une fois l’assiette posée sur le plateau, il faut s’asseoir et manger, sous peine de se voir retirer son repas s’il n’est pas achevé dans le temps imparti. Kobayasahi Mihoko intervient également, sur le temps du repas, “pour que les enfants réfléchissent à ce qu’ils mangent”.