Je rêvais d’être entourée d’objets français, comme ceux que je voyais au Japon dans des magazines qui présentaient la vie ordinaire des Parisiens : sac à dos violet, drap rouge, vase en verre carré, épices dans des bocaux stylisés… Puisque j’ai grandi avec des draps blancs, l’idée selon laquelle « le drap est blanc ou il peut être légèrement coloré en bleu ou en rose » était une évidence comme « la banane est jaune ». Alors, en voyant des draps rouges, verts ou même noirs, cela m’a fait penser que les Français avaient des goûts artistiques révolutionnaires ! Sinon, dans ma ville natale, il y avait peu d’objets authentiquement français, même si je fréquentais des boutiques d’inspiration française. C’était un plaisir d’y acheter de jolis agendas, on pouvait lire des phrases écrites en français sur la couverture (que je ne comprenais pas), par exemple : « la vie Paris », « rendez-vous de la papier de la qualité ».
En arrivant ici, j’ai cherché des cahiers pour mon cours de langue. Mon baptême fut décevant : ils étaient tous de couleurs unies, au mieux un peu dégradée, le seul motif était le logo d’Oxford. Rien n’était révolutionnaire !
Néanmoins, les objets pour la maison étaient différents. Chez IKEA, j’ai trouvé de jolies choses modernes, colorées, sophistiquées et pas chères. Pendant longtemps, j’étais persuadée que ce magasin était français. Aujourd’hui, n’ayant pas beaucoup de temps pour sortir, je fais plutôt mes achats sur Internet. Il y a trois mois, j’ai commandé un produit d’une marque française auprès d’un spécialiste d’électroménager connu pour son contrat de confiance. Résultat : je n’ai toujours pas reçu ni le colis, ni le remboursement, ni même de réponse. Le mois suivant, j’ai commandé le parfum d’une grande marque française sur son propre site. Pas de livraison. Au bout de deux appels et de deux courriels, on m’a « poliment » annoncé que la commande n’avait pas été passée à cause d’un problème interne. Décidément, pour acquérir des produits français, il faut être prête à accepter la French touch !