Face à un intérêt qui ne semble pas faiblir, de nouvelles adresses se créent dans la capitale. Dernier né : iRASSHAi.
AParis, année après année, la compréhension sur la cuisine japonaise continue de s’approfondir, et les lieux qui la proposent ne cessent de se multiplier, en diversifiant leurs offres. Ces derniers temps, la tendance est aux grands classiques de la cuisine populaire, qui a fait découvrir au grand public ses plats phares tels que les râmen (voir Zoom Japon n°26, décembre 2012), l’okonomiyaki (voir Zoom Japon n°68, décembre 2017) ou encore le curry japonais (voir Zoom Japon n°107, février 2021). En parallèle, des nouvelles propositions plus haut de gamme se sont développées avec des restaurants proposant sushi et kaiseki authentiques, tel que Chakaiseki Akiyoshi, Sushi Shunei, Sushi Yoshinaga qui ravissent les palais des connaisseurs de la gastronomie japonaise. En août dernier, un nouveau venu s’est rajouté à la liste des lieux dédiés aux amateurs de la cuisine japonaise : iRASSHAi.
Situé au cœur de Paris, juste devant la Bourse de Commerce, cet espace impressionnant de 800 m2 accueille une épicerie, un restaurant et un café, qui se transforme en bar en fin de journée. Pour séduire le plus grand nombre ils proposent autant des plats à emporter qu’une épicerie en ligne, et même des cours de cuisine.
La grande nouveauté de cet établissement est que contrairement aux autres du même genre, il vise explicitement une clientèle française friande de cuisine japonaise. On comprend alors le choix d’iRASSHAi de s’éloigner du traditionnel quartier japonais autour de l’Opéra pour s’installer à proximité des Halles, particulièrement accessible pour les familles et les jeunes franciliens. Cette volonté se traduit aussi avec un site Internet pédagogique en français, et en anglais, mais aussi des QR codes sur place qui renseignent sur l’utilisation des produits et proposent même des recettes. Une façon d’ouvrir la porte à ceux qui débutent dans la cuisine japonaise faite maison, et une attention peu fréquente dans les épiceries japonaises existantes.
Mais à vrai dire, cette tendance à vouloir mettre en avant certains aspects de la cuisine japonaise n’est pas nouvelle. Que ce soit à travers le décor, comme à Kodawari Ramen qui reproduit un fameux marché aux poissons ; à Jinchan Shokudo qui promet une ambiance digne d’un véritable izakaya japonais ; ou Ogata qui joue sur une esthétique soignée et authentique. Quelle que soit la clientèle visée, l’enjeu est d’inventer une image du Japon, immersive, attrayante, stylée, avec un brin d’exotisme mais bien digeste et compréhensible pour la clientèle française, prête à consommer.
Alors que le Japon était encore considéré il y a quelques années comme le pays de la modernité criarde, c’est désormais l’image d’un pays vieillissant ayant conservé son charme d’antan qui rayonne à l’étranger. En France comme ailleurs, on se nourrit de ces images d’Epinal pour créer ses fantaisies, comme s’il était devenu un énorme parc d’attractions. Et sans ironie, ce n’est peut-être pas si mal pour l’équilibre (et la survie) de notre archipel.
Sekiguchi Ryôko