Fondé en 747, Ishiyama-dera abrite le plus ancien bâtiment de la préfecture de Shiga. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Sous la direction de l'une des rares femmes à la tête d'un temple, ce haut lieu spirituel réserve bien des surprises. Les hordes de touristes qui encombrent les rues de Kyôto ignorent qu’à deux pas de l’ancienne capitale du Japon, la préfecture de Shiga abrite certains des sanctuaires et temples les plus beaux et les plus sous-estimés du Japon. Parmi ceux-ci, Ishiyama-dera se distingue pour plusieurs raisons.Sa caractéristique la plus distinctive est que, comme son nom l’indique (ishi-yama-dera signifie “temple de la montagne de pierre”), le complexe religieux a été construit sur une falaise surplombant la rivière Seta. Sur le terrain du temple, on trouve des formations rocheuses spectaculaires, désignées comme monument naturel. Il a été fondé en 747, pendant la période Nara (710-794), par un moine nommé Rôben, le même qui a fondé le Tôdai-ji de Nara (voir Zoom Japon n°1, juin 2010). Selon la légende, lorsque le Grand Bouddha de Nara fut réalisé, il n’y avait pas assez d’or pour décorer son corps géant, alors l’empereur Shômu demanda de l’aide spirituelle à Rôben. Peu de temps après, une grande quantité d’or fut découverte, et Ishiyama-dera fut construit sur le site où le moine était venu prier.Le temple est également largement considéré comme l’un des meilleurs endroits au Japon pour admirer les magnifiques feuilles rouges, oranges et jaunes de l’automne. Mais même si vous ne pouvez pas visiter l’endroit à cette période, ne vous inquiétez pas, car il abrite une grande variété d’espèces qui fleurissent tout au long de l’année, notamment des sakura, des pruniers et des camélias.Outre sa nature, le temple est connu des amateurs de littérature pour avoir attiré de nombreux auteurs. Murasaki Shikibu, par exemple, y a séjourné pendant sept jours, et la légende veut qu’elle ait été inspirée pour écrire Le Dit du Genji en observant le reflet de la lune sur le lac Biwa. Le temple apparaît également dans de nombreux journaux intimes de la période Heian qui, soit dit en passant, ont tous été écrits par des femmes. De nombreuses autres figures littéraires ont visité le temple par la suite et ont fait référence à Ishiyama-dera dans leurs œuvres, du grand poète Matsuo Bashô à Shimazaki Tôson, en passant par Yosano Akiko et même Mishima Yukio (voir Zoom Japon n°105, novembre 2020).Son entrée principale, est gardée par deux statues majestueuses de Nio. Construite grâce à un don de Minamoto no Yoritomo, le premier shôgun au pouvoir de l’histoire du Japon, elle a ensuite été largement réparée grâce à un don de Yodo-dono, une concubine de Toyotomi Hideyoshi. Pourtant, comparée à d’autres temples célèbres, c’est une porte relativement modeste qui ne donne aucune indication sur le vaste terrain qui s’étend au-delà. Cependant, une fois à l’intérieur, le temple comporte de nombreux escaliers et chemins sinueux menant à divers bâtiments, des points de vue sur la ville et la rivière en contrebas. Supérieure du temple, Washio Ryûge souhaite faire évoluer le rôle des femmes au sein de sa religion. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Le cœur d’Ishiyama-dera est le Hondô (salle principale), classé trésor national. Cette impressionnante structure en bois, reconstruite en 1096, est le plus ancien bâtiment de la préfecture de Shiga. Comme le Kiyomizu-dera à Kyôto, il est soutenu par des piliers en bois assemblés comme un échafaudage. A l’intérieur, de nombreuses statues bouddhistes, dont Kôbô Daishi, le fondateur du bouddhisme Shingon. En montant à droite du hall principal, on trouve la magnifique pagode Tahoto, également offerte par Minamoto no Yoritomo. On dit qu’il s’agit de la plus ancienne construction de ce type encore debout au Japon. Si vous continuez à monter, vous verrez le magnifique Kôdo (hall de la lumière). En descendant à gauche à partir de là, vous arriverez finalement à la statue très médiatisée de Murasaki Shikibu.Si ce genre d’endroit était situé dans une grande ville, il serait assiégé par les touristes. Pourtant, Ishiyama-dera est surtout fréquenté par les locaux et il est si grand qu’il semble souvent presque vide. “Pour vous dire la vérité, je veux éviter...