Alors que l’on vient d’apprendre la retraite de Miyazaki Hayao, certains se posent la question de sa succession, craignant que l’animation japonaise se retrouve orpheline pendant une longue période comme cela avait été la cas aux Etats-Unis après la mort de Walt Disney. Qu’ils se rassurent, le Japon possède de nombreux réalisateurs dignes de lui succéder. Parmi eux, on peut citer Takekiyo Hitoshi. Né en 1967, ce jeune touche-à-tout a fondé, en 2012, sa société Mont-Blanc Pictures grâce à laquelle il a réalisé le film After school Midnighters. Celui-ci se caractérise par son extrême originalité qui tranche avec ce que nous proposent habituellement les réalisateurs japonais. A ce propos, il convient de saluer Eurozoom qui, une nouvelle fois, fait preuve d’audace en le sortant sur grand écran (le 30 octobre). Cette production ne rentre en effet dans aucune case que nous connaissons, ce qui peut parfois déconcerter le spectateur habitué à un certain style. After school Midnighters est un ovni, un concentré d’inventivité et d’énergie qui ne laisse pas indifférent. A l’instar de Miyazaki, Takekiyo est un fan de Moëbius dont il s’est inspiré pour le graphisme et pour le soin apporté à l’ensemble de la réalisation. Sur une structure scénaristique qui rappelle le conte initiatique et le jeu vidéo, il nous raconte l’affrontement improbable entre trois fillettes, trois petites pestes, élèves de l’école Saint-Claire, établissement chic, et un mannequin d’anatomie Kunstlijk qui a le pouvoir de s’animer après minuit. Victime de l’humeur capricieuse des trois élèves qui le maquillent et le ridiculisent, il décide de se venger lorsqu’elles reviennent errer la nuit dans les couloirs. Un film jubilatoire, un peu fou, mais parfaitement maîtrisé par un réalisateur plein de promesses. A ne pas rater.
Gabriel Bernard