Je rêvais de passer mes vacances dans le sud de la France. « La Côte d’Azur », « la Provence ». Entendre ces mots m’enthousiasmait. Mais plutôt que de payer une fortune pour bronzer et abîmer ma peau en restant toute la journée au bord de la Méditerranée, j’ai préféré rentrer au Japon pour voir ma famille. En y arrivant, j’ai retrouvé tout ce que je n’avais pas en France : de bons repas pas chers, des gens accueillants, polis et souriants, le confort, la rapidité, la sûreté et les commodités. J’adore le Japon en tant que touriste parce que l’on ne voit pas les problèmes cachés de la vie sociale. Je rencontre souvent des Français qui ont passé leurs vacances dans mon pays. Ils disent que le Japon est un autre monde. Pour certains, c’est même un paradis. C’est vrai, parmi les étrangers, les Français y sont en général très bien vus et malgré les difficultés linguistiques, l’hospitalité toute japonaise fait qu’ils sont toujours bien accueillis. Beaucoup rêvent d’avoir une vie à la japonaise. Ils reviennent légèrement moins agressifs qu’avant leur départ. Apparemment c’est leur façon d’avoir l’esprit zen. Ensuite, ils décident de ne plus aller manger de sushis dans le restaurant chinois près de chez eux. Ils finissent par critiquer la vie française : les guichetiers à la banque ou à la poste qui passent trop de temps à bavarder, les trop nombreux incidents techniques dans le métro, les magasins qui ferment trop tôt, les distributeurs de boissons qui avalent les pièces sans rien distribuer, les serveurs qui font semblant de ne pas voir les clients, etc. Auraient-ils enfin compris ? Pas si sûr. Si l’on enlève tout ça aux Français, que va-t-il leur rester ? J’aime bien retrouver mon pays, mais si je reste en France, c’est parce que tous ces défauts me paraissent humains. N’est-ce pas cette exigence humaine qui est à la base de l’esprit français qui revendique la liberté individuelle ? Et puis, pour avoir un véritable esprit japonais, il faut commencer par retourner manger au restaurant chinois et se sentir coupable lorsqu’on prend 5 semaines de vacances !
Koga Ritsuko