Inédit au Japon, Crueler than dead est le fruit du travail de deux amateurs de cinéma qui n’ont pas leur langue dans la poche. Glénat vient de publier Crueler than dead, un manga zombie de Saimura Tsukasa et Takahashi Kozo. A 36 ans, le premier est scénariste. Il est particulièrement célèbre au Japon pour ses histoires de zombies et son travail actuel en solo Igai / The Play Dead / Alive a été traduit en plusieurs langues. Takahashi Kozo, 39 ans, travaille, quant à lui, dans le manga depuis de nombreuses années. Il a été l’assistant de Hanazawa Kengo pour I Am a Hero et d’Otagaki Yasuo pour Moonlight Mile. Le duo au look hipster a eu la gentillesse de partager ses réflexions sur les mangas, les films d'horreur et l'activité de leur cercle dôjinshi. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Takahashi Kozo : Il y a environ 12 ans. Nous avons tous les deux été assistants d’Otagaki Yasuo pour son manga Moonlight Mile. Lorsque Saimura a rejoint l'équipe, j’avais déjà travaillé sur ce projet depuis quelques années. J’étais alors un des principaux assistants. Saimura Tsukasa : Nos bureaux étaient côte à côte. C’était donc très facile de discuter. C’est ainsi que nous avons découvert que nous partagions le même intérêt pour les films de zombies. Est-ce que le travail d’assistant est aussi dur qu’on le dit ? S. T. : Oui, ça l'est. Pour moi, ce fut vraiment une période difficile. C’est une période de ma vie dont je n’aime pas vraiment parler (rires). T. K. : Quand il est arrivé, j’ai pensé qu'il ne tiendrait pas une semaine, mais il a persévéré. S. T. : Les nuits de travail sont particulièrement difficiles. Quand vous devez tenir un délai, il n’y a pas un moment pour se reposer. Vous devez continuer à dessiner jusqu'à ce que le travail soit achevé. Cela dit, notre équipe était plutôt bien organisée de sorte que nous étions mieux lotis que d’autres assistants. Pourquoi aimez-vous autant les histoires de zombies ? S. T. : Ça a été un coup de foudre. J’ai vu le film Zombie Nightmare quand j’étais à l'école primaire (Takahashi était déjà au collège) et je me suis dit “waouh ! des zombies !!!” J’aime tous les types de films d'horreur et j’ai passé mon enfance à me forger une connaissance dans le genre jusqu'à ce que je tombe sur La Nuit des morts-vivants de George Romero quand j’étais adolescent. T. K. : Bien sûr, beaucoup de gens ont connu les zombies grâce à Thriller, le clip vidéo de Michael Jackson. Les années 1980 ont été un grand moment pour les fans de films d’horreur parce qu’on en diffusait souvent à la télévision, surtout après minuit. Il y avait soit des films d’horreur soit des films érotiques. J’ai perdu beaucoup d’heures de sommeil à les regarder et mes notes à l’école ont chuté (rires). Et vos parents ne vous disaient rien ? S. T. : Mon père partageait la même passion pour le cinéma. Quand j’étais enfant, nous vivions à Hong Kong et nous passions une grande partie de notre temps libre à regarder des vidéos louées à la maison. T. K. : Quand le tueur en série Miyazaki Tsutomu, qu’on disait fan de films d’horreur, a été arrêté en 1989, cela a marqué la fin du boom de l'horreur au Japon. Igai est publié sous forme de série dans Gekkan Comic Ryû. Comment cela s’est-il passé ? S. T. : Je l’ai présenté à un certain nombre d’éditeurs, en leur expliquant le plan de l’histoire. Ils ont proposé quelques modifications, et finalement nous avons conclu un accord. J’ai eu de la chance parce qu’il y a actuellement une sorte de retour du zombie dans le manga grâce au succès de I Am a Hero. T. K. : N’empêche que Crueler than dead a été rejeté par tous les éditeurs. Tous ceux à qui nous l’avons montré étaient d’accord pour dire que c’est une histoire intéressante, mais ils l’ont trouvé graphiquement trop violente. Quelle est la principale différence entre Igai et Crueler than dead ? S. T....