Avec Les 7 roses de Tôkyô, Inoue Hisashi fait la démonstration de son immense talent et de son attachement à la langue japonaise. De tous les grands noms de la littérature japonaise traduits en français, Inoue Hisashi est sans doute l’un des moins connus. Et pourtant, son œuvre mériterait cent fois d’être publiée dans la langue de Molière. On découvrirait alors toute l’étendue du talent et toute la richesse de l’inspiration de cet auteur qui nous a quittés en 2010. Après une première tentative en 1997 avec Je vous écris, les éditions Philippe Picquier nous offrent une nouvelle possibilité de plonger dans l’œuvre de celui que l’on a surnommé le magicien du langage. La qualité de son écriture, sa tendance à jouer avec les mots et son humour parfois difficile à rendre dans une autre langue expliquent probablement les réticences des éditeurs français à se lancer dans la publication de cet auteur qui a toujours porté un regard acéré sur le monde. Mais lorsque le travail de traduction est confié à un maître comme Jacques Lalloz qui, au-delà de la langue elle-même, s’est imprégné de l’état d’esprit propre à Inoue Hisashi, on ne peut pas être déçu. Lorsqu’on referme le roman, on en redemande et on voudrait que d’autres ouvrages bénéficient de la même attention même si a priori ils sont moins difficiles à traduire. Les 7 roses de Tôkyô (Tôkyô sebun rozu) est paru en 1999 au Japon. Il s’agit d’un des derniers romans signés par Inoue qui avait alors décidé de participer quelques années plus tôt à la création d’un nouveau magazine baptisé Kinyôbi. Mensuel à l’origine, il est ensuite devenu un hebdomadaire engagé, défendant des valeurs chères au romancier comme la justice sociale ou le pacifisme. Estimant que sa position dans la société ne devait pas être celle d’un être passif, Inoue Hisashi...