Pensez-vous qu'il soit possible de nous protéger de cette intrusion dans notre espace intime ? H. K. : C'est très difficile parce que les systèmes de surveillance sont fondés sur la technologie et nous avons désormais atteint un stade où nous ne pouvons vivre ou travailler sans technologie. Prenez la loi anti-conspiration que l'administration Abe a récemment fait adopter par la Diète. Jusqu'à présent, selon le droit pénal, une enquête policière débutait après la découverte d’un crime. Mais avec ce texte, le gouvernement japonais a introduit l'idée de “conspiration”. C'est un concept très vague et ambigu. En d'autres termes, un groupe de personnes peut désormais être arrêté pour avoir pensé à commettre un crime. Mais comment parvient-on à déterminer cette “conspiration” ? La seule façon consiste entre autres à vérifier les courriels des gens ou de mettre sur écoute leurs téléphones. Je suis donc certain que dans un proche avenir, le gouvernement créera de nouvelles lois pour permettre ce type d’opérations de surveillance par la police. Le mantra habituel que les responsables politiques utilisent pour justifier leur choix est de dire que les gens ordinaires n'ont rien à craindre tant qu'ils ne font rien de mal. Mais il n'en demeure pas moins que toutes ces mesures violent notre vie privée. Pour revenir à votre question sur les moyens de se protéger, je pense que la seule façon est d'arrêter d'utiliser nos smartphones ou encore d'envoyer des courriels. Mais il faut bien reconnaître que, pour la plupart d'entre nous, il est impossible de vivre déconnecté. Je suppose que nous sommes trop habitués à obtenir tout, rapidement et facilement, en quelques clics. H. K. : En effet. Je crois...