David H. Slater est professeur d'anthropologie culturelle à l'université Sophia. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Selon le professeur de l’université Sophia, plusieurs facteurs limitent l’engagement au Japon. “Tout d’abord, il y a encore une sorte de stigmatisation contre le fait de devenir trop engagé politiquement”, constate-t-il. “On pourrait imaginer que tous les 10-15 ans, les gens retournent dans la rue, mais la plupart des jeunes préfèrent une sorte d’engagement social non conflictuel comme le bénévolat et le soutien à des populations défavorisées (voir pp. 7-8). Ils sont encore assez hésitants lorsqu’il s’agit de manifester. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles les jeunes Japonais sont si peu engagés politiquement est l’absence de modèle qui pourrait les inspirer, à l’instar d'Alexandria Ocasio-Cortez aux Etats-Unis qui a une réputation nationale et n’a pas peur de défier l’autorité. Au Japon, les personnes âgées de 25 à 40 ans sont plutôt silencieuses. Ici, les étudiants ne s’identifieront jamais à des politiciens plus âgés”.David H. Slater pense que le système éducatif devrait assumer une partie de la responsabilité de la faible compréhension de la politique contemporaine et d’après-guerre pour de nombreux étudiants. “Ils en savent plus sur Martin Luther King que sur les manifestations qui se déroulaient à la même époque ici au Japon”, rappelle-t-il. “L’école devrait aider les élèves à examiner les causes sociales et les schémas d’injustice, mais peu d’entre eux ont été exposés à ces choses. Les SEALD ont vraiment dû s’instruire sur ce sujet. Mais il est difficile d’attendre des étudiants ordinaires qu’ils apprennent eux-mêmes l’histoire du Japon d’après-guerre (voir Zoom Japon n°79, avril 2018). Plus précisément, en tant qu’enseignants, nous ne faisons pas ce qu’il faut pour que les étudiants puissent prendre position, formuler leurs propres opinions et les...