Le 22 octobre prochain, à 20h30, Zoom Japon vous invite à découvrir la deuxième réalisation du jeune cinéaste. Originaire d’Ôsaka, Yoshida Yasuhiro a fait ses études dans la prestigieuse université Dôshisha à Kyôto. Après avoir travaillé comme assistant du réalisateur Izutsu Kazuyuki et comme script, il réalise en 2007 son premier long métrage Kito, kito. Six ans plus tard, il tourne Tabidachi no shima-uta, Jûgo no haru [Le printemps de mes 15 ans] qui raconte l’histoire d’une adolescente vivant sur une petite île qu’elle va devoir quitter pour poursuivre ses études. Son troisième film, Enoshima Prism, est sorti au début de l’été au Japon. Yoshida Yasuhiro a 34 ans. Gianni Simone Quand vous étiez plus jeune, vous étiez plutôt amateur de manga que de cinéma. Yoshida Yasuhiro : C’est vrai. Quand j’étais enfant, j’adorais les mangas et je rêvais de devenir mangaka. Je pensais à tout un tas d’histoires que je dessinais ensuite. Voilà pourquoi on peut dire aussi que mon intérêt pour le cinéma est une extension de mon amour pour l’expression visuelle. Vos films ont une dimension documentaire… Y. Y. : En effet, j’aime les réalisateurs qui font des films à la manière de documentaires comme Ken Loach ou Imamura Shôhei. Toutefois, celui qui m’a le plus influencé reste Izutsu Kazuyuki. J’ai travaillé sur ses trois derniers films et nous sommes très proches. Comment vous est venue l’idée de réaliser ce film Tabidachi no shima-uta, Jûgo no haru [Le printemps de mes 15 ans] ? Y. Y. : A vrai dire, c’est une idée de mon producteur. Il avait vu un documentaire sur un groupe de jeunes filles appartenant à un cercle de musique à Okinawa et m’a proposé d’en faire un film. Plusieurs scènes dans ce documentaire étaient très émouvantes et montraient l’amour entre les parents et les enfants sans qu’il y ait besoin de plus d’explications. Votre premier long métrage Kito, kito abordait déjà le sujet de la famille. Y. Y. : C’est un thème qui me parle sans que cela nécessite de ma part de gros efforts. En général, je ne cherche pas à faire des choses qui dépassent mes capacités. Il y a bien sûr d’autres sujets que je souhaiterais aborder dans le futur tout en restant dans les limites de ce que je comprends. Cela dit, je suis quasi certain que vous n’étiez pas familier de Minami Daitô, cette petite île où se déroule l’histoire, et encore moins de sa culture. Y. Y. : C’est la raison pour laquelle j’ai abordé le film en mixant fiction et documentaire. En d’autres termes, j’avais conscience tout au long du tournage d’être un “étranger” et ce que je ne voulais surtout pas faire, c’était de raconter des mensonges. Cela aurait été très gênant de ma part. Par ailleurs, les gens ont en général un lien fort avec le lieu où ils vivent. C’est encore plus vrai pour les habitants d’un endroit aussi petit et unique que Minami Daitô. Je me suis donc rendu à plusieurs reprises sur l’île avant d’entamer le tournage. Je me suis aussi documenté autant que je pouvais pour dresser un portrait aussi juste que possible de la vie sur cette île. La relation tout en nuances entre la jeune héroïne et son père m’a rappelé celle que Hara Setsuko et Ryû Chishû entretenaient notamment dans le film Printemps tardif (Banshun) d’Ozu Yasujirô. Est-ce une coïncidence ? Y. Y. : Je crains que oui (rires). Je dois dire que je ne suis pas un grand fan d’Ozu. En même temps, je respecte sa vision des choses et je pense que le cinéma japonais devrait regarder vers le passé. Les films d’aujourd’hui sont devenus de grosses machines, et ils ont perdu, au fil du temps, cette approche subtile de faire du cinéma, c’est-à-dire cet amour de produire avec soin des films comme pouvaient le faire Ozu et d’autres réalisateurs de la même époque glorieuse. Il n’y a pas de mystère si leurs films sont encore considérés dans le monde comme des chefs-d’œuvre. Vos deux premiers films ont été tournés dans la préfecture de Toyama et sur cette petite île d’Okinawa. Est-ce un hasard ou êtes-vous attiré...