Je rêvais d’aller faire mes courses au marché en France comme dans les émissions documentaires que j’avais vues au Japon, intitulées en général « promenade dans le quotidien de Paris » et dans lesquelles on décrivait le rendez-vous dominical au marché du quartier. Muni de son grand panier ayant déjà bien vécu, on commence par dire bonjour à ses marchands habituels. On prend des cerises et le marchand en ajoute un peu plus en disant « Mademoiselle, c’est un cadeau ! ». C’est comme ça que ça devait se passer. Pendant des années, je m’étais préparée à vivre cette expérience.
Un dimanche, décidée à surmonter mes réticences, je suis partie avec mon caddie. À mon arrivée au marché situé à 3 minutes de chez moi, les marchands étaient en train de remballer. Il était presque 14 h. Raté ! La semaine suivante, je suis arrivée dans les temps. Un petit progrès. Mais au bout de 30 minutes, je ne savais toujours pas comment choisir les bons marchands alors que j’en étais à mon cinquième tour du marché. Raté ! La fois d’après, par chance, j’ai croisé mon collègue qui m’a montré sa poissonnerie et son marchand de légumes préférés ! Or, un nouvel obstacle s’est présenté. Pour acheter du saumon, il fallait préciser au vendeur un pavé ou une tranche, « sauvage » ou « élevage »… des questions que je ne m’étais jamais posées de ma vie. Mes yeux se sont alors fixés sur les prix et j’ai montré du doigt le moins cher à mon « adversaire ». Cette fois, c’était gagné. Un grand progrès. Quant aux légumes, la dernière fois, mon marchand préféré m’a offert une botte de menthe en fin de vie. Un super progrès. Par contre, je me méfie toujours de la marchande de fruits qui, avec un grand sourire, me vend parfois des produits abimés ! Je n’ai pas encore osé aller voir les bouchers ni les fromagers. La victoire est encore loin. En plus, on m’appelle « Madame » au lieu de « Mademoiselle » ! Aujourd’hui, je rêve toujours de remporter ce combat du dimanche !