Cet employé d’une boîte de nuit dans le quartier de Kabukichô, à Tôkyô, attend vainement des clients. /Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Pour Sheldon Garon, professeur à l’université de Princeton, les dirigeants ont perdu leur expertise de la société. Face à la pandémie, le gouvernement japonais a réagi plus tardivement que la plupart de ses voisins asiatiques confrontés au même fléau. Un retard critiqué par la population. Pourtant, le pays est coutumier des catastrophes. Sheldon Garon, professeur à l’université de Princeton et auteur de nombreux ouvrages dont Molding Japanese Minds [Modeler les Japonais, Princeton University Press, 1997, inédit en français], analyse la situation au regard de l’histoire. Peut-être plus que tout autre pays dans le monde, le Japon a été confronté dans le passé à des désastres importants comme le séisme de 1923 qui a détruit Tôkyô ou encore la Seconde Guerre mondiale dont il est sorti détruit à 80 %. Comment a-t-il réussi à sortir de ces phases critiques ?Sheldon Garon : Depuis le début du XXe siècle, le gouvernement japonais a mis en œuvre un mode de gouvernance assez spécifique fondé entre autres sur une gestion sociale ou des campagnes de martelage moral. Et cela est toujours considéré par l’Etat et la société comme une bonne recette à appliquer en cas de crises comme celles que vous avez citées. Cela s’est appuyé sur sur un tissu d’organisations et cela n’a jamais été de la communication ou de la propagande. Il y a vraiment quelque chose de concret dans cette gestion de crise qui...