Absente pour la journée, un jour férié, j’ai découvert, à mon retour après 20 heures, que mon chauffe-eau défectueux avait provoqué une inondation au sous-sol de l’immeuble où je réside. Coulant comme une fontaine, j’ai tenté de fermer le robinet d’arrivée d’eau. Mais c’était impossible en raison du calcaire qui le bloquait. J’ai donc dû appeler un plombier. Je savais que cela me coûterait cher, mais je ne m’attendais pas à payer 500 € pour une prestation de 15 minutes, juste pour stopper l’eau. Certes, le montant n’est pas aussi exagéré que les 1 500 € exigés pour le dépannage d’une serrure. Mais quand même ! En japonais, ce type de surfacturation a un nom : bottakuri, un terme familier. Il s’emploie aussi bien comme substantif que comme adjectif, et il peut aussi se transformer en verbe : bottakuru. L’origine du mot est incertaine. Certains disent qu’il vient du terme bôri, littéralement “bénéfices excessifs”, et d’autres affirment qu’il appartient au dialecte d’Ôsaka. En tout cas, l’acte de bottakuri est le même qu’en France. A Tôkyô, le quartier Kabukichô est connu pour ses bottakuri bâ, ces bars où l’on vous présente des notes exorbitantes, entre autres 7 000 € pour quelques verres de whisky. Dans tout l’Archipel, certaines sociétés de pompes funèbres sont considérées comme bottakuri, en raison de leur système de facturation qui commence par proposer un forfait obsèques de 3 000 €, mais qui réclame à la fin près de 10 000 € en raison de diverses options supplémentaires. Lorsque le montant demandé est moins élevé, mais un peu gonflé, on le qualifie de puchi (du français “petit”) bottakuri, à l’instar d’izakaya (bistrots) qui ajoutent 5 € pour la “place” en plus des 6 € pour l’otôshi, le plat de bienvenue servi par défaut, etc. A un niveau plus élevé, les médias nippons désignent désormais le patron du Comité international olympique, Thomas Bach, comme “Bottakuri Danshaku (Baron)”, ce qui est la traduction officieuse de “Baron Von Ripper-off” comme l’a appelé The Washington Post, le 5 mai. A côté de lui, mon ballon, c’est de la gnognote, me suis-je dit pour me consoler d’avoir perdu 500 € !
Koga Ritsuko