Je rêvais de comprendre ce qui se passe en France comme lorsque je suis l’actualité japonaise. En arrivant sur le sol français, je vivais comme si j’étais dans une bulle où je n’entendais rien. Tout ce que je comprenais était ce que mes amis me disaient avec des mots adaptés à mon niveau de français. Ils étaient donc ma seule référence, au point que si l’un d’entre eux écoutait Mireille Mathieu, je faisais ma pédante devant mes compatriotes en disant qu’elle était la personnalité préférée des Français.
Ainsi, si je crois toujours que les Français s’intéressent beaucoup à la politique, c’est aussi parce que mon entourage en parle quotidiennement. Pour me mêler à leur discussion, j’essaye de capter des informations à la télé ou dans les quotidiens. Aujourd’hui, j’arrive enfin à lire des journaux sans passer des heures à chercher des mots dans le dictionnaire. Pourtant, il n’est pas évident d’approfondir la conversation avec ces Français, parce que je n’ai pas les bases de connaissances sur la société dans laquelle je n’ai pas grandi. Ces grands moments de solitude se ressentent aussi quand je suis devant les caricatures présentées dans les journaux français. Je ne peux pas comprendre la subtilité malgré son texte relativement simple. Ça ressemble à ces moments où je ne peux pas rigoler avec mes amis en écoutant leurs souvenirs du Club Dorothée même si je comprends la conversation. Je ne renonce pourtant pas à avoir un jour la capacité de saisir le sens des caricatures malgré leur niveau élevé. Si pour certains Français, le manga est l’entrée vers la culture japonaise, la caricature française me paraît être au sommet de l’esprit français. Pas facile d’y arriver et cela restera un des outils pour mesurer mes connaissances sur cette société. Mais en pensant à l’avenir, je me demande si je n’y arriverais pas plus vite, en lisant des mangas comme ces jeunes Français !
Koga Ritsuko