Je rêvais de faire la bise à la française comme j’avais vu dans les films. C’était très exotique pour moi et je pensais que la bise était un truc magique qui brisait immédiatement les barrières dans la relation humaine. Plus honnêtement, je rêvais d’embrasser de beaux garçons en ne faisant pas d’effort particulier grâce à cette magnifique coutume (tous les Français me semblaient beaux avant de les connaître réellement).
Arrivée en France, j’ai d’abord vécu à Tours où on faisait quatre bises. Plus tard, j’ai déménagé à Paris où l’on n’en faisait plus que deux. J’ai trouvé ça froid au début, mais aujourd’hui, même 2 bises me paraît lourdingue surtout lors des soirées chez des amis avec une vingtaine de personnes que je vois pour la première fois. En plus, j’ai compris que la bise ne m’aidait absolument pas à briser les barrières de la communication. J’admire mes amis ou ma famille française qui arrivent à vite animer la conversation avec des inconnus. Peut-être comme beaucoup de Japonais, j’ai tendance à garder une certaine distance avec l’autre et je la réduis doucement avec le temps. A Paris, il m’arrive souvent que des inconnus s’adressent à moi. Par exemple, un jour en traversant une rue, un Occidental m’a soudain raconté qu’il était né dans un quartier à Tôkyô. Et alors ? Je me suis dit qu’il n’avait rien capté du Japon dans son esprit. C’est pareil pour la distance physique. Je ne comprends pas pourquoi en France des gens viennent s’asseoir à côté de moi alors qu’il y a des places libres ailleurs ! L’équilibre de l’espace m’est aussi important que l’espace de chacun ! Quand j’essaie d’agir comme eux, je ne me sens vraiment pas à l’aise. Cette année encore, je pense que le Père Noël ne va malheureusement pas m’apporter cette façon d’être française. Tant pis ! Mais avec des efforts, je vous fais plein de bises pour bien finir l’année 2014 ! (tout en gardant une certaine distance).
Koga Ritsuko