La ville de Hiroshima telle qu’elle est présentée dans le film a complètement disparu après le bombardement atomique. Comment avez-vous réussi à recréer le paysage urbain d’avant-guerre ? K. S. : En dehors du dôme de la bombe, il n'y a qu'un seul bâtiment encore debout après des années de guerre. Cela a donc pris beaucoup de temps et d'efforts. Laissez-moi vous montrer cela (il commence à fouiller dans sa bibliothèque et en tire plusieurs volumes). Ce sont des reproductions d’annuaires téléphoniques de l’époque que j'ai trouvées dans une librairie d'occasion à Hiroshima. Cela donne une idée des boutiques qui existaient alors et de leur emplacement. Mais cela ne suffisait pas, alors nous avons cherché du matériel visuel aux Archives nationales (il continue à fouiller et extrait quelques tubes en carton). Ce sont des photos aériennes du port de Hiroshima prises par l'armée de l'air japonaise. Celle-là est de 1939 et celle-ci de 1945. Vous pouvez clairement voir la présence de nouveaux chantiers navals construits pendant la guerre pour participer à l'effort de guerre. Cette photo a été prise une semaine avant le largage de la bombe atomique sur Hiroshima. Ensuite, il y a ces croquis que quelqu'un a réalisés à l'époque. Nous avons donc eu beaucoup de chance de trouver autant d'informations. Le problème était de trouver des données sur Kure. A l’époque où c'était un important port militaire, la prise de photos était sévèrement contrôlée. Mais nous avons réussi à en trouver quelques-unes, puis nous avons soigneusement vérifié la position de chaque bâtiment avec d'autres informations que nous avions recueillies. Ce processus s'est poursuivi tout au long de la production du film, même après avoir écrit le scénario. Pourquoi la plupart des personnages principaux de vos films sont des femmes ? K. S. : Cela relève du hasard même si j’attache une attention...