L’Ange rouge (Akai tenshi, 1966) avec Wakao Ayako et Ashida Shinsuke. / The Jokers A compter du 27 août, une rétrospective consacrée au cinéaste permettra de voir ou revoir six de ses plus belles œuvres. L’été est souvent propice aux cycles dans les cinémas en raison de la faiblesse de l’offre. C’est particulièrement vrai ces temps-ci face à une production cinématographique soumise à la pression de la concurrence des séries et de normes sociales qui obligent nombre de cinéastes à réaliser des œuvres attendues et sans saveur. Dans ce contexte, on ne peut que féliciter l’initiative prise par The Jokers de ressortir en salles 6 films de Masumura Yasuzô, l’un des pionniers de la révolution cinématographique qui s’empara du Japon au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Plutôt que de revoir, pour la énième fois, l’œuvre d’Ozu Yasujirô (voir Zoom Japon n°31, juin 2013), souvent proposée en période estivale, quel plaisir de plonger dans le travail d’un homme dont le désir était de faire voler en éclats les pesanteurs qui entravaient le travail d’expression des cinéastes de l’époque.C’est après un séjour de deux ans en Italie au Centro Sperimentale Cinematografica de Rome, au début des années 1950, que l’assistant réalisateur à la Daiei a pris conscience des possibilités qui s’offraient aux cinéastes désireux sinon de casser les codes, du moins de se défaire des habitudes prises dans la réalisation afin de créer une nouvelle approche. A la différence des Ôshima ou Shinoda, fers de lance de la Nouvelle vague japonaise presque sacralisée, Masumura Yasuzô a entrepris de changer les choses de l’intérieur plutôt que de se lancer dans une révolution esthétique et narrative. “C’était un plaisir pour moi de voir qu’il avait trouvé un biais pour tourner de telles choses à l’intérieur des grandes compagnies”, a d’ailleurs déclaré une autre figure de la Nouvelle vague, Yoshida Yoshishige dans Les Cahiers du cinéma en octobre 1970. Certes, cette démarche l’a empêché de connaître la même notoriété que le réalisateur des Contes cruels de la jeunesse, mais cela lui a permis de produire une succession de chefs-d’œuvre parmi lesquels figurent ceux proposés dans le cycle qui commencera le 27 août avec notamment une présentation de L’Ange rouge (Akai tenshi 1966) au Reflet Médicis (3 rue Champollion, 75005 Paris) par Claude Leblanc, le fondateur de Zoom Japon.Même si certains de ses longs-métrages, comme Passion (Manji, 1964) ou Tatouage (Irezumi, 1966), n’échappent pas à une certaine recherche esthétique de sa part, l’essentiel pour le cinéaste né en 1924, est de mettre en avant l’individualité...