Selon lui, la situation a commencé à se détériorer à la fin du mois de février, lorsque le gouvernement a interdit les grands rassemblements humains, affectant ainsi de nombreuses entreprises telles que les organisateurs d’événements, les restaurants, les bars et les cafés, et les divertissements nocturnes. Les choses se sont encore aggravées en avril, lorsqu’un nombre non négligeable d’entreprises ont été contraintes de fermer. “Cependant, plus que la typologie des emplois, je dirais que la plus grande source de problèmes est liée à la nature des contrats de travail”, note-t-il. “Les personnes ayant des emplois à temps partiel, des contrats non réguliers, des contrats à durée déterminée et les intérimaires sont ceux qui connaissent les pires problèmes. Avec des salaires déjà faibles à la base – généralement entre 100 000 et 200 000 yens (entre 850 euros et 1 700 euros) par mois –, ils vivent au jour le jour et ont peu de chances d’économiser de l’argent. Par ailleurs, de par leur nature, ces emplois n’offrent aucun avantage ni aucune protection en périodes de crise comme celle que nous traversons actuellement”.Une autre catégorie de personnes qui va être durement touchée par la récession induite par la pandémie est celle des ouvriers. “Beaucoup d’entre eux sont envoyés par des agences de recrutement en tant qu’employés temporaires”, explique le directeur de Moyai. “Ils vivent généralement dans des dortoirs d’entreprise pendant la durée de leur contrat. Le problème est qu’à partir de la fin mars, de nombreuses usines ont fermé les unes après les autres, obligeant tous ces travailleurs temporaires à quitter leur lieu de vie. Nous sommes encore dans la première phase de la crise car une fois leur contrat terminé, ils ont entre deux semaines et un mois pour rassembler leurs affaires et déménager. Sur le plan financier, leur salaire de mars est versé en avril, et ils vont recevoir du gouvernement une aide de 100 000 yens, comme tout le monde au Japon. Cela devrait leur permettre de gagner un peu de temps. Mais en mai et juin, les vrais problèmes vont commencer et j’ai peur que les choses se détériorent rapidement pour beaucoup de gens. En tout cas, les choses vont mal pour la plupart des entreprises, à l’exception des supermarchés et des épiceries. Les entreprises de livraison se portent également bien car de plus en plus de personnes choisissent d’acheter sur Internet pour des raisons de sécurité”, ajoute-t-il.Un autre groupe de personnes qui se sont soudainement retrouvées sans endroit où dormir sont celles qu’on a baptisées “les réfugiés des cybercafés” (netto kafe nanmin). Ces établissements sont omniprésents au Japon. Ils sont ouverts 24 heures sur 24 et, outre l’accès illimité à Internet, ils proposent des boissons non alcoolisées, des mangas et des magazines gratuits, et offrent même de la nourriture, ainsi que des services de douche et de...