A l’occasion de la sortie le 11 mai en France de Hana & Alice mènent l’enquête, le cinéaste revient sur ses motivations. Dix ans après Hana & Alice, qui a fait de lui l'un des plus grands réalisateurs japonais, Iwai Shunji a finalement réussi à réaliser son rêve de construire une autre histoire autour des deux mêmes collégiennes un peu excentriques. Zoom Japon est allé à sa rencontre dans son studio pour évoquer le film, l’animation, et la nature de la créativité. Quand vous étiez à l’université aviez-vous une ambition particulière ? Saviez-vous déjà que vous vouliez devenir réalisateur ? Iwai Shunji : Pas du tout. En fait, je voulais devenir romancier ou mangaka car j’aimais beaucoup dessiner à l’époque. Il est vrai cependant que je faisais des courts métrages en 8 mm avec mes amis. Aussi quand est venu le temps de choisir ma voie, je pensais que le travail avec une caméra me permettrait de gagner correctement ma vie. J’ai donc trouvé un emploi dans la réalisation de clips vidéo. Vous avez à la fois tourné des longs métrages et travaillé à la télévision pour des publicités et autres téléfilms. Quelles sont les différences entre le travail au cinéma et à la télévision ? I. S. : D'un point de vue créatif, il n’y a guère de différences. Toutefois, faire votre propre film peut vous donner plus de liberté, en particulier si vous parvenez à réunir l'argent vous-même et être financièrement indépendant. C’est-à-dire… I. S. : Chaque fois que je peux réunir 100 millions de yens, je suis plus ou moins libre de faire ce que je veux. C’est vrai aussi si je ne dispose que de 50 millions et que je peux emprunter le reste auprès d'une banque. Bien sûr, il y a des limites à ce que je peux faire dans la mesure où il ne s’agit pas d’un budget extraordinairement élevé, mais cela me permet de conserver ma liberté de création, ce qui est la chose la plus importante à mes yeux. Comme vous pouvez l'imaginer, avec des budgets plus importants, les restrictions sont plus nombreuses et il est nécessaire de faire des compromis sur de nombreux détails, petits et grands. En ce qui me concerne, je ne me suis jamais retrouvé dans une telle situation. Le problème avec l'industrie du cinéma est que vous pouvez avoir la meilleure idée du monde, mais sans argent, vous ne pouvez rien faire. Dans mon cas, le nombre de projets avortés dépasse de loin les films que j’ai effectivement été en mesure de réaliser. Je suppose que pour Hana & Alice mènent l’enquête vous avez disposé d’un budget assez grand par rapport à bon nombre de vos œuvres? I. S. : En effet. Je pense que nous avions un budget d'environ 250 millions de yens (2 millions €). Il s’agit d’animation après tout. Nous avons dû rassembler quelque 150 personnes pour...